jeudi 9 octobre 2008

LEZARD MARTIAL


Après un récent déménagement en banlieue, le meilleur compagnon de jeu de Martial (un squelette en plastique) n'engendre pas l'extase. L'adolescent a des choses intéressantes à dire mais personne ne lui parle. La tentative d'intégration initiée par sa mère aussi larguée que le fils, s'est soldée par un désastreux et déprimant goûter. Martial avait pourtant payé l'unique participant.
Deux jumelles black vont lui ouvrir de nouvelles portes, les deux mutiques soeurs possèdent d'intrigantes clés des champs. Pour cet ado qui ne tourne pas rond, les perspectives alléchantes de cette rencontre valent bien quelques transgressions. Martial est complètement hypnotisé par l'aisance, l'aplomb et la beauté de ses deux excitantes muses. De nouveaux horizons s'offrent à lui, celui de l'horizontale notamment. Jeux dangereux, jeux interdits. Sans repères avec ses parents complètement obnubilés par leurs déboires sentimentaux, happé par l'univers fascinant des deux princesses délinquantes, Martial en plein désarroi existentiel transforme l'appartement de sa mère en véritable capharnaum. Une figuration du bordel dans sa tête! La fin de l'histoire prend l'allure d'une sévère gueule de bois!

mercredi 8 octobre 2008

NOIRCEUR D'UN MARIAGE BLANC

Apôtres du cinéma social sans concession, ni pathos, les frères Dardenne dresse le portrait d'une immigrée clandestine en pleine ambivalence. Lorna se débat dans le no man's land entre le bien et le mal, la notion de frontière étant complètement aléatoire. Pour devenir propriétaire du snack de ses rêves, la jeune femme est prise en sandwich. Elle a arrangé un mariage avec un camé Claudy pour obtenir les papiers belges. En acceptant cette compromission, Lorna devient l'objet d'une prochaine planification de mariage, un mafieux russe cette fois- ci. Un engrenage impitoyable. Pour la promesse d'une meilleure situation matérielle, Lorna agit froidement avec le drogué, le traitant tel un chien pendant les tentatives de sevrage. Dans les projets des sbires, Claudy doit disparaître d'une manière ou d'une autre. Le décès inéluctable de l'attachant Claudy écartèle totalement l'albanaise. Après un hiératique rapport sexuel avec sa victime, Lorna entre dans une période de fécondation très trouble. L'experte en simulation va devoir se débattre avec des sentiments aussi contradictoires que la vénalité et la sollicitude, des valeurs agissant comme des boomerangs. Un tintamarre cérébral insupportable. Ce tourment intérieur justifiait- il une fin aussi mystique et elliptique ?

mardi 7 octobre 2008

FRENCH QUAND? QUAND?

Le grand écart: Sofia ne le supporte pas! Le soleil et les grands espaces campagnards du Maroc ne compensent le souvenir de la France, subitement quittée. Ce retour aux sources rebute l'adolescente. Butée, carrément braquée par cet éloignement, Sofia s' heurte en permanence à ses parents. Frappée du mal (de ce qu'elle considère être son)du pays, Sofia livre bataille pour apposer le visa parental sur le fameux passeport. Totalement obsédée par ce sésame, la locomotive de Sofia ne déraille pas face à la pression des traditions. Dans son combat de forcenée, impossible d'imposer à la rebelle les travaux de la cuisine, une tentative de mariage arrangé ou les attitudes contraignantes inhérentes au statut de la femme. Son entêtement la conduira aux corvées des champs, son insoumission à une coupe garçonne à la Jeanne d'arc, son obstination à se réfugier dans les études. Par capitulation, son père (pleutre, attachant)et sa mère(impitoyable, compréhensive) finiront par céder à la perpétuelle requête de l'impétueuse.
La complexité de ce sentiment d'appartenance traduira toute son ambiguïté dans l'épilogue.
Film un peu thésard sur l'emmerdement d'être né quelque part et sur l'impossibilité de se situer entre son ailleurs et son ici.

GRIEF D'ORGANE

L' univers d' Erlendur, inspecteur islandais, baigne dans le sordide. Sa vie privée se réduit à une peau de chagrin. L'environnement de sa fille droguée chevauche celui des malfrats qu'il poursuit. Avec son petit pull en laine guère fantasmant, son collier de barbe donnant un look d'ensemble un peu rasoir, Erlendur manie l'humour glaçant, une arme massacrante face aux crimes "à la con". L'enquête sur un meurtre de routier porté sur la pornographie semble rentrer dans cette catégorie des méfaits bêtes et méchants. En creusant, Erlendur va déterrer une douloureuse affaire vieille de 40 ans tournant autour des frasques d'un gang qui a terrorisé l'île dans les années 70.
En exhumant ce passé aux odeurs rances, Erlendur flanqué de ses deux acolytes Sigurdur Oli (aussi volontaire que maladroit) et Elimborg (aussi efficace qu'anti-sexy) vont pas à pas reconstituer la généalogie d'un crime. En guise d'archives municipales, la lugubre cité des jarres et ses organes trempant dans le formol! Cette histoire glauque, sombre et complexe avec ses magistraux coups de théâtre ne risque pas de chloroformer votre cerveau. Belle adaptation du brillant Indridason

POPPY HILARITE

Vie sentimentale aussi riche que la flore du Sahel. Vélo volé sans un dernier au revoir. Cuite monumentale avec ses copines. Poppy accueille tous les moments de la même façon, elle a bloqué le curseur sur le mode: bonne humeur. Une philosophie de vie immuable: rire de tout et en toutes circonstances. Avec sa gaieté pour étendard, la croisée du rire affronte la vie sans donner de leçons. Elle aurait plutôt tendance à en prendre: des cours de trampoline, flamenco et auto-école.
Poppy est passée maître dans l'art de faire craquer ses différents professeurs. La rigolade permanente provoque des effets dévastateurs sur les nerfs des pédagogues.
Le moniteur auto- école, incarnation ambulante de la psychorigidité, en balbutie son satané code et ignore quelle conduite adopter face à cette exaspérante élève. Cette fille bien lunée se situe à des années lumières de sa triste planète. Tête à queue assuré ? Le petit drame intérieur du mono partagé entre ses émotions naissantes et l'application stricte du dogme de la route, ne dévie pas d'un pouce la ligne droite de Poppy. La quête vers le bonheur n'emprunte pas les itinéraires de compromis. Avec sa légèreté de poids lourds, Poppy poursuivra sa joyeuse (mais épuisante) démonstration laissant certainement quelques spectateurs en chemin.


dimanche 28 septembre 2008

QUI VIVRA, VERRAT

Au chevet de leur maman dans le coma, trois frères (enfin surtout deux) n'essaient à aucun moment de tuer les cochons qui sommeillent en eux. L'hydre de la tentation s'impose sans une réelle lutte interne; d'ailleurs, Mathieu pourtant marié, ne demande qu'à être happé par l'engrenage. Un engrenage incarné par une volcanique blonde collègue de travail branchée sur un curieux courant alternatif. Une spirale qui donne du ressort à Christian, un judoka faisant ceinture s'adonnant à ces fantasmes de plus en plus juteux, sa consommation d'esuie-tout en attestant. Un processus dans lequel Rémi, le plus sage, incite les deux excités à ne pas mettre le doigt. En plein désaccord anatomique sur ce point précis! Les perspectives électrisantes et les récits qui en découlent valent bien quelques menteries, quitte à se faire "poigner".
Malgré les sempiternelles recommandations de Rémi, un vrai samouraï aux yeux de ses deux petits frères, le "Sex and the city" de nos agités de la libido vit ses soubresauts et les débriefings des frangins ne manquent pas de cocasseries. Qui vivra, verrat! Une règle pour rompre la monotonie et faire la nique aux moralisateurs. D'ailleurs, le donneur de leçon est-il si irréprochable?
Réponse savoureuse avec en prime le si folklorique accent québécois.


COMMENT CA QUAND ON VEUT ?

-Merci,c'est bon pour moi, Michel ?
-Quand on veut !
-Comment ça quand on veut ? Tu as filmé là.
- Ah non,non. Je n'ai pas filmé.
Et si cet extrait de "Parle moi de la pluie" condensait en quelques lignes la force et les faiblesses du cinéma français en général et de ce dernier opus en particulier. Cette photo de groupe avec subtils contrastes, savants dosages entre zones d'ombres et lumineuses apartés dévoile un cliché pétri de qualités. Les "Jabac" savent trouver le bon angle. Les sujets se conjuguent parfaitement, Bacri bougonne divinement bien, Debbouze est à sa main, les seconds rôles ont de l'étoffe. Les dialogues sonnent juste. Pour le thème? Humiliés, humiliées de France et des autres contrées, ce film met en exergue toutes les petites vexations auxquelles on ne prête pas suffisamment attention. A travers un documentaire d'une originalité désolante (Une collection sur les femmes qui ont réussi), Michel Ronsard (Bacri) aidé de son acolyte Karim (Debbouze)suivent pas à pas Agathe Villanova (Jaoui), une féministe parachutée sur les terres de son enfance pour les prochaines élections. Allons voir si la rosse ?
- Merci c'est bon pour moi, moteur!
- Quand on veut!
- Comment ça quand on veut ?
-Tu as une histoire à raconter, là!
- Ah,non,non. Je n'ai pas d'histoire.
Zoom sur un visage dépité à la Bacri.

mardi 23 septembre 2008

LE BALLET DEVANT SA PORTE

Pour Fiona et Dom, la rumba est toujours dans l'air! Leur acharnement chorégraphique de tous les instants les transporte et leur permet de truster la majeure partie des titres locaux. Champions de rumba.
A cause d'un suicidaire perplexe sur le meilleur véhicule à télescoper pour en finir, les deux tourtereaux valsent dans le décor. Avec une jambe en moins, Fiona ne sait plus sur quel pied danser et Dom éprouve toutes les difficultés à se souvenir de sa danseuse. La tête(de linotte) et la jambe pour se livrer à un épique steeple vers un bonheur à retrouver. Les deux profs s'emmêlent les pinceaux et accumulent les faux-pas. Les cours (bien que mémorables!) tournent courts et le foyer devient celui d'un incendie. Malgré leur constante volonté de se relever, c'est toujours la même chanson. Plus sûre sera la chute! Souvent brillantes, d'ailleurs! La rumba surligne de façon narquoise les vaines gesticulations du couple.
Le trio de réalisateurs, en composant cette fantaisie burlesque, a su mener la danse avec une partition au cordeau. Allez voir absolument ce film. Un conseil pour mémoire: quand on n'a pas de tête, il faut avoir une jambe.

jeudi 18 septembre 2008

ET LA MONTAGNE ACCOUCHE D'UNE SOURIS

Petit test d'endurance au foutraque avant de vous envoyer voir le film des frères qui se sont a priori amusés comme des Larrieu en foire.
Êtes vous prêts à admettre?
  1. Que la randonnée pédestre est le meilleur remède contre la nymphomanie.
  2. Que l'ours russe incarnant celui des Pyrénées (incontournable lorsqu'on évoque la région!) possède une fourrure acrylique, un talent à jouer du Courteline et une propension à figurer dans des Marc Dorcel
  3. Que la mort du grand alpiniste Hillary a pour effet collatéral la présence d'un sherpa cuisto élargissant ainsi avec le nounours le casting international
  4. Que celle qui a vu l'ours, sous le choc, cours la nature dans le simple appareil et se transforme logiquement en Sainte Thérèse d'Avila .
  5. Que les moinillons chantent.. à poil .
  6. Que la foudre te fait homme et inversement.

Vous dites , c'est vraiment "l'allu", ces histoires de "dards" à l'air! Bingo! Darroussin campe Alexandre Dard et Azéma, Aurore Lalu, leurs pseudonymes pour passer incognito: Go.

GO HOME, répondit l'écho!

mercredi 17 septembre 2008

LE BOURGE EST CHOUETTE A FJALLBACKA !

Fjallbacka,paisible bourgade suédoise: Erica Falk, auteur(e) de biographies, croyait connaître parfaitement l'endroit. Son retour au patelin a été dicté par la mort subite de ses parents. La principale difficulté des affaires de successions est d'avoir hérité d'un beau frère vraiment insupportable. Une mauvaise nouvelle en appelant une autre, son amie d'enfance Alexandra est retrouvée nue et tailladée dans sa baignoire. Une seule lueur pour ce come-back aux sources: ses retrouvailles avec Patrick Heldstrom, un ancien amoureux transi devenu inspecteur.
Fouineuse mais pas téméraire, le genre détective au foyer, Erica se retrouve face à une double problématique: en quête du beau policier ou comment le mettre rapidement dans son lit puis enquête sur la mort bien mystérieuse de sa copine. Vraiment dans de beaux draps!
Dans les deux cas, il faut briser la glace! Le cheminement vers l'élucidation du meurtre refroidit. Obsédés par leur respectabilité, les notables de Fjallbacka ont érigé un glacier de mensonges. D'une froideur à vous glacer les os!
Quand aux préoccupations à la Bridget Jones de l'Erica, l'auteur de ces lignes ne polluera pas votre plaisir de lecteur. Nos deux tourtereaux vont- ils rester de glace? Vous le saurez ...
Camilla Lackberg est une curiosité, un croisement improbable entre Danièle Steel et Georges Simenon. Peut en agacer certains ....

mardi 16 septembre 2008

GRANDE PECHE AU BARGE


En s'abattant sur Stoney Calhoun, la foudre a donné vie à un personnage du tonnerre! Un amnésique en plein décor 100% naturel. Après la découverte d'un corps calciné,en un éclair, le guide de pêche Calhoun retrouve des réflexes d'enquêteur de très haut niveau. Ce type d'aptitude n'échappe pas à son ami, le shérif Dickman

Quoique attachant, Calhoun est un bourru de la pire espèce. Littéralement allergique aux nouveaux moyens de communications, aux casse-pieds et à l'alcool (par obligation), il bougonne des "ouaips" en guise de réponse étayée. Suffisent à son bonheur: les parcours de pêche, les montages de mouches et son épisodique mais intense relation adultérine avec sa patronne. Des plaisirs simples au milieu des grands espaces.

Seul un cadavre supplémentaire (de sa connaissance, cette fois-ci) et la trop longue fugue de son chien Ralph arriveront à le faire mordre à l'hameçon. Calhoun, sans savoir se l'expliquer, connaît le métier (mais lequel précisément!!) et devient l'adjoint incontournable pour ferrer le gros poisson. Ouaips, ouaips, hourra

mercredi 3 septembre 2008

SCARFACE DE RATS

"Ce n'est pas la camorra qui choisit les affaires, ce sont les affaires qui choisissent la camorra"
Drogues, commerce des armes, déchets toxiques, contre- façons; les activités de la mafia napolitaine correspondent de manière exhaustive au catalogue de la criminalité. L'ultra libéralisme appliqué aux bas fonds touche toutes les tranches de Naples. Impossible de ne pas être récupérer par le "système".
Les "vele" (les voiles), une vraie aberration urbanistique, théâtre de toutes les exactions embrigadent une armée de soldats en tout genre obéissant à une seule loi: la violence. Cité des enfants perdus: les petites taches ne manquent pas: petits épiciers droguistes ambulants, conducteurs de bulldozers ou pire messagers de la mort. L'école du crime ne manque pas d'épreuves. Cité de l'indicible peur: les porteurs d'enveloppe deviennent timbrés , trouille au ventre permanente, à raser les murs pour éviter une balle perdue. A cause d'infidélité avec les asiatiques, un brillant modiste se reconvertit en camionneur. La cité des dangers: le panonceau de l'épilogue terrifie, les enfouissements sauvages de produits dangereux ont contaminé les sous sols. Cité sans voiles: le code social du crime ne supporte pas les têtes brûlées ou les initiatives individuelles. Défier l'organisation s'avère être le moyen le plus certain de terminer en macchabée. Les émules de Tony Montana finissent mal en général. Les rixes du métier!
Ce film, camorra au poing, range définitivement la mythologie du mafioso des scorcese et cie en pure imagerie d'Epinal.

lundi 1 septembre 2008

AUDREY ET LE TOUTOU

Le périmètre de sécurité n'a pas été respecté, il a été complètement bafoué par une tornade sexuelle, au grand dam de Christophe (Roschdy Zem), un expert taciturne en protection rapprochée. Au premier déhanché, Audrey, une présentatrice à tempérament, envoûte littéralement le client du garde du corps, un brillant avocat. Un sacré"en-cas" de malheur bien déterminée à saisir sa chance. Chez cette "prête à tout", seul son esprit est culotté; pour le reste, le strict nécessaire suffira! Une vraie saute au paf (paysage audiovisuel français ?), cette fille de Monaco, qui comme un ouragan, avec son karma,ses histoires de princesse et ses prouesses kama-soutresques , rendra complètement maboule (de flipper, pour rester monégasque!) ce commis trop obnubilé par les affaires de son barreau.
Dans cette sérénade, le troisième Christophe, consterné par cette valse de pantin provoquée par une bimbo avec qui (y compris lui) tout le monde a couché, endosse le rôle de l'ultime recours à l'heure de la débandade.
Malheureusement, le film épouse la plastique de son héroïne: aguicheur avec rien dedans. Situations peu crédibles ou ridicules;fin expédiée sans queue, ni tête; scénario inconsistant.
Quel gâchis de rester en rade! Beau temps (les acteurs) mais trop orageux en fin de journée (le reste)

dimanche 31 août 2008

MONSTRUEUSEMENT HUMAIN

Harvey redonne de la couleur à la noirceur sans faire dans le morbide ostentatoire. Sa marque de fabrique: un style tout en élégance, des personnages fascinants et complexes, des histoires très élaborées. Grâce à cet explorateur des cerveaux malades, le roman de procédure policière atteint des sommets de justesse. Harvey traque le pire des serials killers: le tueur lambda, anodin à la vie bien rangée. Du quasi -indémasquable!
Franck Elder, dans ce troisième volet d'une trilogie (De chair et de sang, de cendres et d'os: il est conseillé de ne pas suivre mon exemple, il est préférable de les lire dans l'ordre pour mieux apprécier Elder), s'y attaque. Affrontant ses propres tourments et ses petites lâchetés; Elder abandonne ses Cornouailles fétiches pour résoudre la disparition d'une femme de 50 ans à la vie pas si nette avec le net. En retrouvant le cadavre de l'internaute, des similitudes avec un vieux crime non élucidé vont émerger. A force de recoupements, vérifications et supputations, Elder va s'enfoncer dans les ténèbres affolantes de l'insondable. Le policier de Nottingham déforeste minutieusement et se méfie constamment de l'arbre cachant la forêt. Les candidats au meurtre sont potentiellement légion. Rares sont les citoyens au dessus de tout soupçon. Harvey, par le prisme d'Elder, autopsie l'inhumain. Monstrueusement crédible!

mercredi 27 août 2008

FAUSSE ROUTE

Déroutant! Percutant comme l'invraisemblable carambolage de tordus, sur une route désertique, provoqué par deux flics allergiques aux excès de vitesse. Les chevaliers aussi timbrés que zélés du code de la route, aux conduites très contestables vont provoquer une catastrophe en cascade. Pour un petit délit, une vraie tuerie.
A l'heure de la reconstitution, les arrogants bureaucrates du FBI, sous les yeux désapprobateurs du pathétique escadron local, vont auditionner les trois survivants aux versions bien différentes des évènements. Que de divergences optiques! Le casting de ce " Rashomon" routier laisse a priori peu de place au romantisme. Cette forte concentration de déviants au m2 n'aide pas à démêler les faits. Un véritable carrefour de fausses routes.
Pied au plancher, franchissant tous les interdits, la fille de Lynch nous entraîne droit dans le panneau. Habilement manipulateur!

lundi 25 août 2008

QUINTE DANS LE DESORDRE

Le quinté dans le désordre pour esquisser ce pastel Duval. Cinq jours décisifs échappant à toute chronologie pour mieux cerner ce quintette familial coincé sur la corde sensible. Les éclipses de cette étoile à cinq branches ne manquent pas de mélancolie. Cette bande originale est composée de sacrés numéros (Lisez cette phrase comme vous l'entendez !)
Robert (comme l'acteur américain), un chauffeur de taxi philosophe avec un bon fond (qui aurait mérité d'être creusé encore), s'époumone à orchestrer de façon harmonieuse le sonnet Duval. Marie- Jeanne, en mère attentive se mêlant essentiellement et prioritairement de ce qui ne la regarde pas, atteinte de crise de jeunisme, veille à maintenir le précaire équilibre familial soumis aux personnalités de trois enfants très différents.
Le très normatif et arrogant Albert, l'ainé est passé directement des jupons de maman à ceux de Prune. Moins péremptoire, beaucoup plus romantique et bordélique, la maturation de Raphael "magic fingers" ne s'effectue pas "fingers in the nose". En pleine rébellion adolescente, la petite dernière Fleur va se confronter au fleuron de la mesquinerie masculine. Une première douloureuse et formatrice histoire facile à déflorer.
Un peu trop C.R.A.Z.Y, les Duval ? Certainement, un "air de famille" aussi! Bezançon est doté d'un solide sens de l'observation, esquivant certains clichés pour mieux s'emplafonner sur d'autres.

mercredi 20 août 2008

FILM SANS GLAND

Ce pastiche aux canines aiguisées contre l'hypocrite ordre moral américain brille par son humour et son sens de la transgression.
Dans un décor de zone pavillonnaire, aux pieds de deux inquiètants réacteurs nucléaires, Dawn milite ardemmment pour une association prônant chasteté et abstinence tout en luttant intérieurement contre ces naturelles pulsions hormonales. Dawn détient un terrible secret. Son demi-frère, tout jeune, avait mis le doigt dessus (ou dedans) à ses dépens, ses relations avec ses copines en furent toutes retournées. Cette cicatrice a complètement détraqué l'adolescent devenu un véritable tyran domestique.
La "poule" a des dents! A la moindre contrariété, si Dawn prend le mors aux dents ou a une dent contre quelqu'un, l'homme se retrouve tout ébouté! Et hébété bien évidemment! Le vagina dentata sévit et tranche irrémédiablement. Attention les premières étreintes forcées, les gynécologues un peu libidineux, les romantiques à la mord-moi- le noeud! La prude apprend vite à se faire les dents. Sous le toit (familial) brûlant, la "chatte" règlera son compte à son pittbull de demi-frère. Dawn, faut vraiment savoir la prendre par le bon bout!

mercredi 13 août 2008

TOUT LE MONDE SUR LE PONTE

Dans ce distingué terrarium, c'est le crotale, Pierre Collier, un éminent spécialiste de la psychiatrie et accessoirement bourreau des coeurs qui succombe au milieu de ce nid de reptiles. Chaque invité possède une raison d'en vouloir au ponte. L'épouse Claire a avalé beaucoup de couleuvres, la maîtresse Esther a entendu beaucoup trop de sornettes, l'ex Léa ne demande qu'à cracher son venin. Les langues de vipères et les piranhas complètent ce sympathique bestiaire. La belle demeure bordelaise nourrit un serpent en son sein. Les alibis les plus solides ne revêtissent pas toujours des allures d'anacondas. Attention aux apparences trompeuses! Sous l'oeil de l'inspecteur Grange, la faune s'échange coups de griffes et piques acerbes. Bonitzer lézarde sur un rythme de sénateur.

dimanche 10 août 2008

AVANIES ET FRANCOISE


Sagan a connu un destin tellement romanesque que la réalisatrice a du considérer que le reste (ses romans) n'était que littérature.
De la gloire à la déchéance. Régulièrement fachée (donc fauchée) avec l'argent (qu'elle méprise), Sagan a payé le prix fort de sa soif de liberté. Facture salée pour ce brin de femme dont l'étendard était l'insouciance.
Des paradis artificiels à l'enfer de la maladie. Effigie de la jet set littéraire, Sagan a affronté "sa légende" avec nonchalance, une ironie constante et beaucoup d'artifices. La dépendance de l' heroine à l'héro a terminé en scandales et a transformé sa fin de vie en véritable torture physique. Bonjour, tristesse.
De l'effervescence du succès à la solitude. La pire des souffrances pour cette hédoniste aux amours variées et instables. La biopic de Kurys n'essaie pas d'angéliser cette anti-conformiste à bout de soufre(quelquefois lâche ou indigne, pas très courageuse, souvent égoiste). La composition de Sylvie Testud est stupéfiante d'authenticité: la voix, les tics et les mimiques.
Mais fallait-il pour évoquer cette muse de la légèreté être aussi lourd sur la décrépitude de la romancière, conséquence de tous les excès.

mercredi 6 août 2008

LES BIJOUX DE FAMILLE

Dans la mouise financière,deux frères, l'un au potentiel de salaud manipulateur, l'autre aussi désargenté que paumé, décident de s'attaquer aux bijoux de famille avec un hold up sur un lieu qu'ils connaissent parfaitement: la joaillerie de leur père. L'esprit "family business" est salement égratigné.Le bon vieux braquage des familles tourne vite à la déroute. Cascade de dégats, de bavures et d'approximations. En orfèvres, les deux frangins possèdent le don de toujours privilégier la pire des solutions avec une sacrée obstination à se fourvoyer dans l'erreur.La veulerie ne se rèvèle guère comme une bonne conseillère.
A partir d'une narration déstructurée (digne de l'agitation mentale des frérots) s'articulant sur la préparation et les conséquences de l'attaque avortée de la bijouterie, Lumet varie les angles à partir de mêmes scènes pour mieux cerner ce désastre familial. Dans les bassesses et les trahisons, les Hanson atteignent les sommets. Enormes bouffées de bien pourri! D'une noirceur absolue, rien ne pourra empêcher le désastre programmé. Une matinée de chien!

HIPPIE HIPPIE SHAKE

40 ans de temps forts revisités au pas de charge d'une cavalerie de CRS. Les idéaux n'ont pas toujours été aussi solides que les barricades. En miettes, les belles idées! La nature ou la cruelle réalité s'en sont chargés.Cette petite chronique de l'évolution de la pensée sociale dresse un amer bilan. Si des avancées significatives ont été obtenues avec la légalisation de l'avortement et le PACS, l'entre-deux-Mai (de 68 à l'élection de Sarkozy)a consacré le retour du puritarisme, vu l'arrivée du sida et fini de faire fondre les dernières illusions.
L'album photo de cette génération est un catalogue fourni de déboires. Les hippies n'ont pas toujours récolté les graines qu'ils avaient semées, ils ont laissé leur jardin s'envahir de"mauvaises herbes". De cette exigence de liberté, de cette utopie communautaire, sont restées les parties de jambes en l'air dans les prairies fleuries à flanc de coteau, la maitrise de la recette traditionnelle du fromage de chèvre et la tendresse,bordel! Seule la beauté de Laetitia Casta semble inaltérable, à 20 ans comme à 60 piges; il fallait que quelque chose ne prenne pas une ride.

vendredi 1 août 2008

PRESQUE DU BOGART


Sur certains points, Pierre Vernet correspond à la mythologie du détective privé à quelques détails prêts. Comme Bogart, Vernet boit du whisky mais raisonnablement, pas de virées éthyliques.
Comme l'icône au trench-coat, il reçoit à son bureau une beauté fatale, une actrice à succès belle et mystérieuse, bref, une femme dont on tombe facilement sous le charme. En guise de réplique couperet, notre "Marlowe" se précipite dans le cinéma le plus proche avec toute sa famille, savourer la prestation cinématographique de sa toute dernière cliente. Presque du Bogart!
Cette "Lola" se sent menacée et notre intrépide privé la retrouve morte dans sa baignoire. Son sang ne faisant qu'un tour, le limier de seconde zone va mener une filature chez "les peoples" de l'époque. Autant avec la chance caractérisant les anti- héros des hard boiled américains, une enquête à rebondissement aurait débouché à la résolution d'un sordide assassinat. Ici, l'hypothèse de la crise cardiaque flirte avec celle du suicide. Elémentaire, l'enquête de notre Bogart français?
Les résultats émerveillent au moins une personne, son fils fasciné par les coulisses du 7ème art, les culottes longues et les premières gorgées de Coca.
Atmosphère, atmosphère dans ce tendre hommage au cinéma populaire.

vendredi 25 juillet 2008

VESTIGES GRAPHIQUES

Cible: éclairer sa lanterne sur un énorme trou noir. Pour ce, un quart de siècle plus tard, Ari (l'auteur-réalisateur), pour chasser des cauchemars oppressants, entame un laborieux et complexe travail de mémoire. Jeunes recrues du Tsahal à l'époque (1982), les ex- compagnons sont encore aujourd'hui traumatisés et perturbés. Flash dark douloureux et reconstitution historique incertaine à cause d'une envie d'oublier si forte.
Cette immersion dans les eaux sales du conflit a bazardé leur jeunesse et les illusions qui vont avec. Quelques bribes de vie normale subsistent: Enola gay, les sorties en boîte et le patchouli.
Pourtant les images obsédantes prédominent. Des lueurs aveuglantes de terreur. Traumatisant à jamais. Faire la lumière sur le rôle de cette armée israélienne s'heurte à cette amnésie (ou hallucination) collective. L'ombre de Sabra et Chatila plane et les fusées éclairantes lancées autour de ces deux camps obscurcit les souvenirs. Puzzle à jamais incomplet, ces soldats ne savaient pas grand chose et ne voulaient surtout pas savoir.
D'une grande beauté graphique, Ari Folman atteint son dessein.

MES LUCARNES GAGNANTES

MORCEAUX DE CHOIX:

  • UN FRISSON DANS LA NUIT de Clint Eastwood
  • LA BARBE A PAPA de Peter Bodganovitch
  • UN FAUX MOUVEMENT de Karl Franklin
  • 3 H 10 POUR YUMA de Delmer Daves, la première version
  • L'ENNEMI PUBLIC de William Wellman
  • VENT MAUVAIS de Stéphane Allagnon

LES BONS VIEUX CLASSIQUES:

  • LES ENFANTS DU PARADIS de Marcel Carné
  • J'AI LE DROIT DE VIVRE de Fritz Lang
  • LES BARBOUZES de Georges Lautner
  • LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS de Tay Garnett
  • LOULOU de Maurice Pialat
  • L'HOMME QUI TUA LIBERY VALANCE de John Ford
  • OSCAR d'Edouard Molinaro
  • UN TAXI POUR TOBROUK de Denys de La patellière

MA SPECIALE NICHOLAS RAY:

  • LA MAISON DANS L'OMBRE
  • LES INDOMPTABLES
  • TRAQUENARD
  • JOHNNY GUITAR

SEQUENCE TENDRESSE POUR UN NANAR:

  • LE FOU DU LABO 4 de Jacques Besnard

mercredi 23 juillet 2008

BELGE DE JOUR



Drôle d'endroit pour une rencontre. Coincé sous un lit, avec un bocal de pièces jaunes, Elie (futur Didier) s'est mis dans de sales draps. En cédant à la facilité-seule maison,sans chien-, il est devenu l'otage de son cambriolé. Même si les sujets de conversations dans pareille situation s'avèrent périlleux à trouver, un semblant de relation s'installe.

Plongée dans la planète Jupiler pour une "glande" vadrouille de nos deux zozos. A bord d'une chevrolet, Yvan , le chevalier à la charrette essaie de remettre le petit "junkie" dans le droit chemin. Un parcours surréaliste avec un mécano qui pète une durite, un Alain Delon au jeu très dépouillé et un chien ligoté tombé du ciel; quelques astuces pour rester éveillé au volant; une touchante visite chez les parents de Didier(ex-Elie) permettront à nos deux wallons de s'apprivoiser. Difficile de se montrer bêcheur !

Contre-plongées sublimes dans cette Belgique de western, donnant à nos deux bras cassés,des allures de chevauchée fantastique à leur piteuse errance. Le décor magnifique donne l'envie d'en faire des montagnes sur le plat pays.

mardi 22 juillet 2008

FAUTE DE FRAPPE

Ray ne se gondole pas dans "la Venise du nord". Cette mise en quarantaine culturelle à Bruges accentue la déprime de ce rustre tueur à gages. La dernière bévue de Ray a provoqué son blues, l'effroi du patron et l'exil sous les beffrois. Son compagnon d'infortune,Ken, s'accomode parfaitement et déploie des trésors de pédagogie pour initier son bourru acolyte (plutôt porté sur la bière et les filles) aux charmes de la cité flandrienne.
Difficile dans ce type de profession de "tuer le temps", l'homme de main se prend la tête facilement avec la curieuse faune locale, l'indélicat ne cherche pas vraiment à épater la galerie, excepté peut être Chloé, une dealeuse. Ray ne peut plus voir Bruges en peinture.
Dernière ombre au tableau: le patron Harrry, un ami qui ne veut pas forcément du bien, un homme à principes à l'avis tranché, un ramassis de psychopathe a décidé de refroidir son bouillant employé en confiant cette délicate mission au débonnaire Ken.Une vraie toile pour cette gachette esthète.
Tout dérape! Le code d'honneur des tueurs à gages est soumis à rude épreuve.Des clauses restent à écrire.
JUBILATOIRE!

mercredi 16 juillet 2008

L' HEURT DE GLOIRE

Malgré sa haine pour Leeds United, Brian Clough a pourtant accepté d'en prendre les rênes en Juillet 1974. Ce nouveau manager s'est souvent affiché en principal détracteur de son prédécesseur dont il éxècre les manières.Retour à l'honnêteté et place au beau jeu! Tout un programme, le "Clough" du spectacle. Clough part en croisade pour ce graal là. Ses ambitions d'idéaliste cohabitent avec des méthodes de salaud.
Ex-buteur prolixe, Clough avec son fidèle compagnon Peter Taylor, un vrai dénicheur de talents, s'est construit une solide réputation d'entraîneur charismatique en conduisant l'obscur Derby County de la deuxième division au titre de champion d'Angleterre en 1972 devant Leeds. Avec ses pratiques d'odieux personnage, mais aussi ses beaux élans de générosité, Clough a su créer une telle osmose que "ses gars" étaient prêts à mener une grève lors de son renvoi.
A Leeds,habité par son projet, doté d'un égo titanesque,Clough, prêt à en découdre en permanence, bouscule et provoque ces joueurs au grand passé (Bremmer,Giles,Yorath,etc..). Il s'attire en un temps record la haine féroce des stars et l'hostilité des principaux dirigeants. Nuits d'insomnie. Vie obsessionnelle,100% foot.Chopes around the corner, alcool à gogo. Clough est prêt à mourir avec ses idées.
Bourré de références footballistiques, Peace a écrit le plus grand livre sur le métier de coach, sur cet homme seul face à tous.

lundi 19 mai 2008

L'EPAVE DE LA NAUFRAGEE

Le crime était presque parfait. En balançant son épouse à la baille, Chaz Perrone, escroc paresseux soi-disant docteur en biologie s'imagine que tout va baigner. L'imagination luxuriante de Hiassen transforme ce pathétique méchant en totale épave. Nageuse émérite, Joey, l'épouse a survécu et choisit d'exploiter au maximum son statut de naufragée. Repêchée par un ex-flic, Joey s'est offert une vraie bouée de sauvetage avec ce solide et expérimenté allié. Conscieusement, avec application, elle torpille la vie de son époux malfaisant.
Chaz, habitué à continuellement noyer le poisson, boit la tasse. Les déconvenues coulent l'assurance du bellâtre, la croisière s'amuse.

mardi 13 mai 2008

TORAH, TORAH, TORAH


Suivre les préceptes de la Torah à la lettre, telle est l'exigence permanente du rabbin Abraham et sa famille. Le jeune Menahem adopte ces commandements sans conviction et essaie avec son âme d'enfant, de prendre des chemins de traverse délaissant parfois l'exigeant et escarpé sentier de la foi. Abraham veille, surveille à indiquer la bonne voie. Exit les livres d'images, les petits oisillons et la plage avec maman.
L'ambiance étouffante de cette austère famille ultra-orthodoxe va devenir irrespirable après un terrible drame (que cette chronique ne dévoilera pas). La dévotion quasi fanatique d'Abraham est soumise à rude épreuve.
1h16 intimiste, impitoyable, tragique sur les ravages de l'extrémisme religieux. A ne pas voir dans un jour sombre

lundi 12 mai 2008

FAIS MOI MAL BONNY BONNY

Dans le couple, c'est elle, Anne, la prévenante institutrice qui porte les calottes. Une vraie multiplication des pains s'abat régulièrement sur le mari Georg.
Face aux déluges de coups de son épouse, Georg, flic respecté et courageux bientôt promu commissaire, encaisse sans broncher, panse péniblement ses plaies et alimente maladroitement les hystéries de sa puncheuse de femme en voulant calmer les excès de colère par des très irritants "Ce n'est pas un drame". Les claques se transforment en gnons, le domicile conjugal en perpétuel foyer d'incendie. Ce couple a priori normatif se disloque jusqu'à l'insupportable. Les bribes de vie en rose finissent toujours par d'énormes bleus pour Georg. Plus Anne l'humilie, moins Georg réagit. Bonny décrit une terrifiante relation bourreau/ victime jusqu'à la contusion finale.

vendredi 9 mai 2008

LE FRUIT SERA DEFENDU!

Prix orange à Eran Riklis et à sa chronique finement assaisonnée. Sans jamais être manichéen, le réalisateur de "la fiancée syrienne" symbolise avec justesse la parano des tensions entre Israel et la Palestine. Jusqu'à l'absurde. Au coeur du problème: Salma Zidane et ses citronniers. Pour protéger le ministre de la défense, le mossad décrète un non au massif . Cette vue paradisiaque éveille les soupçons. Opiniâtre, déterminée, Salma (Hiam Abbas) se rebelle contre cette décision et utilisera tous les ressorts démocratiques pour sauver ses arbres. Le fruit sera âprement défendu. Son combat émeut la femme du dignitaire.
Préssée comme un citron par les autorités israeliennes, Salma subit les diktats de sa communauté. Elle doit obtempérer aux consignes du patriarche lui interdisant de négocier pour la citronneraie. Impossible également pour une veuve de vivre une relation amoureuse avec ce beau et jeune avocat, la société palestinienne ne le tolère pas! Le fruit sera vraiment défendu.
Cette "pulpe scission" conduira à une ubuesque et inoubliable image de fin.

mercredi 7 mai 2008

LA MORVE DU PETIT CHEVAL

Franz Bartelt. Je pourrais rivaliser avec Katerine sur le nombre de "J'adore". J'ai découvert ce brillant auteur avec "le jardin du bossu", l'histoire d'un mec de gauche contraint et forcé de ramener du pognon par son épouse au foyer. Préférant la facilité à ses idéaux, il décide de détrousser un gugusse plein aux as et ivre mort. Notre gauchiste va payer très cher son héroisme à deux balles.
Pour démarrer cette saison de Manchette, "Nadada" croque des personnages en quête. D'un style pour le futur biographe peinant avec l'entame, le milieu et la fin. D'un papa pour un enquêteur indé baptisé "Moncheval" au pedigree incertain et potentiellement multiple. D'une maman pour l'assassin dont les sévices sont liés à sa dernière humiliation. De solutions ultra simples pour le flic le plus fainéant que les romans policiers n'ont jamais engendré.
Pour l'inhalation de gaz hilarant, n'oubliez pas ce nom, Bartelt!

mercredi 23 avril 2008

LADY JANE ERRE

Le kdnapping du fils de Muriel (Ascaride) permet de déterrer beaucoup de choses enfouies: les pistolets dans les tupperwares et les idéaux. Et en avant comme au temps des Rolling Stones, pour la bonne cause! Malheureusement, certains calibres sont plus faciles à réamorcer, d'autres canons se sont sérieusement grippés. Le cinéaste marseillais filme les temps qui déchantent, les magies envolées et des pantins que l'esprit de vengeance fait valser dans tous les sens. Chez Guédiguian, cohabitent Robert et Robert. L'un adonné à ses thèmes fétiches et la dissécation introspective de son trio habituel, l'autre totalement orienté vers un cinéma de genre: le polar et l'intégralité de son attirail. Lady Jane erre entre les deux et nous avec !

vendredi 18 avril 2008

SALADE PIEMONTAISE

Le procédé de ce roman éveille une vraie curiosité. Chaque chapitre est précédé d'une strophe de la chanson dédiée à Colombano. Perissinotto étoffe le couplet en tentant de nous expliquer pourquoi on veut tailler le tailleur de pierre, son écriture s'applique à ne pas être anachronique. Dans un décor aride, dans un marécage d'obscurantisme, un juge Ippolito Berthe résiste face à la vindicte populaire accusant d' une manière ou d'une autre, Colombano des quatre meurtres de ses voisins. Pourquoi tant d'acharnement! Le magistrat se livre à un sacré combat rhétorique pour innocenter Colombano, n'hésite pas à s'impliquer personnellement pour défendre sa conviction, affronte les croyances populaires pour percer la vérité. Sous des latitudes si rudes, à cette époque encore moyenâgeuse (1533), mener une enquête nécessite le talent de se poser les bonnes questions pour éviter "la question". Ippolito se torture l'esprit.
Cette salade piémontaise d'antan renvoit un bel écho (ou Eco) au "Nom de la rose". Tout aussi captivant et érudit.

BRASSES IN THE POCKET

Léon est un con! Buté par accident, sa piètre côte de popularité engendre un faux témoignage unanime pour couvrir le malheureux assassin. Le cadavre porte un costard et tout le monde, police comprise, voudrait enterrer "l'affreux" au plus vite. Le quartier de God's Pocket, banni des dieux, et la séduisante maman ne l'entendent pas de cette oreille. Le beau père, mafioso à la petite semaine, pour redonner du lustre à son couple en pleine débâcle, essaye d'offrir un bel enterrement à ce satané Léon. Mickey, l'homme en question, avec son art de miser sur le mauvais cheval, engloutit la cagnotte de la communauté aux courses. Dès lors, inhumer Léon devient très compliqué. Pour parfaire la situation déjà délicate, la mafia (en pleine décomposition- recomposition) et la presse avec un journaliste qui s'amourache de la mère éplorée viennent compliquer ce funèbre tableau.
Ce premier roman fait preuve de beaucoup de Dexter(ité)! Un plongeon en apnée, une nage en eaux troubles et de vraies brasses coulées vous attendent dans ce croustillant portrait de Philadelphie. Pas de quartier!

mercredi 16 avril 2008

COMMENT REUSSIR QUAND ON EST PLEURNICHARDE

Antoine Robinaud (joué par Carmet) a trouvé son double asiatique. Une ingénue chinoise, vendeuse de DVD à la sauvette, se détecte une vraie facilité à verser des larmes. Paratonnerre à malheur, les occasions de chialer ne manquent pas: se trouver sans le sou, avec un enfant abandonné et le mari en prison. Forte de ce talent compassionnel, la débrouillarde à la vie dissolue se trouve ce boulot de pleureuse aux antipodes de son énergique personnalité. Rien qu'une larme et la monnaie sonnante et trébuchante s'amasse! L'envie de payer les dettes pour sortir son mari de prison s'étiole rapidement. Ce portrait de femme au bord de la crise de nerfs auscille entre le drame réaliste et la farce politique. Non estampillé officiel, ce Made in China vous fera rire d'un oeil et pleurer de l'autre. Une expérience à tenter! Instructif sur la chine "borderline" d'aujourd'hui.

PEPINS LES BREVES DE COMPTOIR

Il a tout pillé, le vrai gangster de l'histoire se nomme Samuel Benchetrit. Ce cinéaste très cinéphile a chapardé des bouts d'univers à Tarantino, a carrément braqué Jarmusch en épousant son tempo, a dérobé la saveur de la comédie italienne à la Monicelli tout en lorgnant sur les bijoux de polars français à la papa. Un truand doit avoir ses références. A l'arrivée, un casse de haut vol! Benchetrit a recensé une jolie brochette de losers pour les planter littéralement dans le décor. Les marioles de la cambriole se débattent pour irrémédiablement revenir à cette pauvre case de départ: une pathétique cafet' clauque. Ces grands perdants gagnent à être connu. Dans ce récit (de branleur ?), Benchetrit fait exister une vraie poésie de la déglingue.

samedi 29 mars 2008

AMERIQUE A LOBBYTOMISER

D'une grande précision historique, Evangelisti vous décortique les enjeux sociaux, politiques et économiques des naissants Etats-unis. Une vraie mine de renseignements sur les manoeuvres souterraines. Le gisement inépuisable d'alliances, de traîtrises et de conspirations écorne les mythes fondateurs américains, la légende prend un sacré coup de grisou. Pantera, un tueur à gages relativement antipathique (mais on l'adopte quand même) passe d'un camp à l'autre au gré des commanditaires. Possédants cyniques (souvent anglais) contre possédés déchirés par de vieux antagonismes (parfois irlandais). Le duel raticide est inévitable, l'amérique des lobbys s'installe! Aucun risque de s'ennuyer comme un rat mort avec ces histoires de taupes et ces épatantes galeries de personnages des bas fonds. Le Germinal made in Usa doit vous conquérir, charbons ardents

lundi 24 mars 2008

MAUX VALISES

Amochés par le décès de leur père, trois frangins trentenaires partent à la recherche de leur "môman", religieuse dans l'Himalaya. La malle aux Indes! Une quête spirituelle mais aussi un Delhi de fuite pour occulter l'enterrement raté de papa. Les trois grands dadais véhiculent des wagons de névroses (aussi imposantes que leur barda). Ils éprouvent de grosses difficultés à prendre le train en marche, leur consommation immodérée de calmants en atteste! A bord du "Darjeeling limited", les adulescents déraillent sec!
Les aventures de ces blancs d'Inde à la sauce curry exhalent une poésie de l'absurde. Chez Wes Anderson, tout arrive sans crier gare, l'improbable devient fortement envisageable. Toutefois, la surcharge d'effets personnels frise l'excédent de bagages!

LE PIPI BOUM

Nous voilà en plein Mélo (Uruguay)!Aucun misérabilisme. Enfourchant leurs vélos, des contrebandiers à la petite semaine essaient de se remettre en selle en effectuant de périlleuses petites commissions. La venue du pape représente une bouffée d'espoir, une solution pour améliorer son sort et sortir de sa condition modeste. Une vraie soupape pour ces gens aux abois. Pour échapper aux emmerdements, rêvant d'une belle chiotte, Béto imagine une nouvelle aisance en installant des cabinets dans son jardin. Les vécés, un vrai débouché?Le parcours de ce prétendant au trône verra son optique fécale soumise à de nombreuses embûches. A force de plans merdiques, les toilettes risquent d'être celles du condamné.
Cette comédie urugayenne à l'italienne, gentiment satirique, prouve que les vraies victoires ne sont pas toujours les plus spectaculaires. Aux chiottes, la pauvreté!

mercredi 19 mars 2008

L'EMEU DE L'AUTRUCHE


Michel (Sublime Olivier Gourmet) se retrouve au centre d'une histoire farfelue et complexe à démêler. La quête identitaire de cet inventeur à la petite semaine le fera beaucoup chercher sans trouver grand chose.Paumé sur le triangle Québec- Belgique- Congo, ce Michel n'a rien d'un expert en sémiologie! Une accumulation de rendez-vous ratés ne lui pas permettra d'assembler toutes les pièces détachées. Tous les morceaux sont présents. Habitué aux secrets et aux mensonges, Michel, vraie réincarnation de l'autruche, montre une attachante inaptitude et esquive la vérité à l'insu de son plein gré.
Sa collision quasi providentielle avec un émeu ne provoquera pas de choc en retour.
Un petit diamant à voir.

lundi 17 mars 2008

LA CALABRE ET LA FOURMI

Halte en Calabre. Après une affaire tumultueuse avec la mafia, Salvo Riccobono, policier borné (limite un peu con parfois, peut coucher avec une femme sans lui demander son prénom) mais amateur de littérature et de rugby pour les bons cotés, est muté pour se faire oublier. Sous le regard bienveillant de son supérieur, il reprend son travail de fourmi. L'évocation d'un commissariat au quotidien avec ses filatures interminables, les montées d'adrénalines et les grosses frousses ne range pas ce policier dans la catégorie des super héros. L'enquête méticuleuse et laborieuse sur des petits traficants de drogue va donner un grand coup de pied dans la fourmilière.
Quand "la flippe" fut venue, surgit enfin le gros morceau à combattre, une dangereuse association de malfrats: la N'drangheta.
Par sa justesse,vaut son pesant de (di) carats!

POURRITURES EXQUISES

Talleyrand.-"Asperges en petit pois,culs d'artichauts,saumon à la royale,filet de perdrix à la financière"
Fouché-"A votre table,on ne peut pas penser à changer de régime!"
Pour confectionner la tambouille de l'après Waterloo, deux monstres au sommet de leur art se mettent aux fourneaux sans oublier de se cuisiner mutuellement. Un régal. Le palmarès des méfaits des deux protagonistes nous confirme la présence des deux plus grands cadors en coups tordus du moment.Recordmen des serments de fidélité rompus, la paire d'esprits retors se livre une terrible joute verbale. L'époque l'inspirant certainement, les répliques tombent comme des couperets:tranchantes, aiguisées et saignantes.
Fouché-"On n'a qu'une parole,il faut donc la reprendre"
Talleyrand -"Surtout, si on doit la redonner"
La leçon de cynisme politique entre un spécialiste des simagrées et un maniaque du dossier permettra à Chateaubriand cette description "La porte s'ouvrit, le vice appuyé sur le bras du crime, la vision infernale passe devant moi"

SOLIDARCINOCHE

LECTURE RAPIDE. Joyeux petit vidéodrame, deux potes doivent en catastrophe refilmer les grands classiques du 7ème art. Les dingo-bricolages des deux énergumènes fédèrent très vite tout le quartier.
ARRET SUR L'IMAGE. Dans la vie, faut bien suèder! Avec cette explication fumeuse de film "suèdé" fournie par les deux zozos (une soi-disante provenance scandinave), Gondry a créé un nouveau dogme cinématographique et déclare son amour pour tous les cinémas. De la pellicule attachante dont on a aucune envie de se défaire! APPUYEZ SUR LA TOUCHE OK POUR VALIDER.
TEMPS DE BANDE RESTANT. Le solidarcinoche (Avec "Soyez sympas", tout devient contagieux) débouche sur le tournage de la biographie de Fats Waller, le jazzman. BOUTON VOLUME pour la bande son. Un inventif Fats and the city! LA TOUCHE OK surchauffe.

lundi 10 mars 2008

ESTIMATION DES DEGAS

Un dimanche à la campagne. Une caverne d'Ali Baba emplies de pièces reconnues sur le marché de l'art. Un portrait de groupe avec dame. La nièce d'un grand peintre (Edith Scob), dépositaire de l'esprit de l'artiste, reçoit l'intégralité de la famille. Quand ses aieux lui offrent un plaid, cadeau de vieux,elle plaide vainement la question de la succession. Seule sa disparition le permettra.
L'héritage soulèvera de subtiles interrogations sur la transmission mais aussi sur le rôle du passé et de l'art. L'utilisation domestique des objets (d'art) peuvent entraîner des usages stupéfiants et démythifient les attitudes muséifiantes. Assayas dissèque avec légèreté et élégance ces héritiers encombrés par ce legs.
Le fils ainé (Berling) tente de perpétuer un impossible statu-quo. Malgré sa bonne volonté pour recoller les morceaux, il restera sur les Corot. Jérémie Rénier, le cadet, caricature du "winner" opte pour des solutions marchandes pour être à l'aise dans ses baskets. Juliette Binoche, affublée d'une coupe à la Chantal Goya, trie le meilleur sans s'attarder.
Maison vidée et estimations notamment du Degas (en miettes dans son sac plastique de supermarché).

Comme les objets, la famille s'éparpille. Et que reste t-il finalement ?

dimanche 9 mars 2008

L'ABBEY DES CHAMPS

Balancer des canettes de bière dans la nature n'empêche pas une conscience écologique développée. Chez Abbey, le combat est ailleurs. Une jolie pépette pas farouche, un vétéran du vietnam encore vert, un polygame mormon et un étrange médecin mécène forment un quatuor explosif en lutte contre toutes les souillures imposées à la nature. Travaillant à la dynamite ou à la molette, le gang déglingue du caterpillar et autres hideuses machines avec une conviction de bulldozer. Les zigotos un poil barjots d'Abbey nous livrent un grand numéro vert! Enfin un vrai roman à clefs qui ouvre les portes d'une réflexion écologique politiquement incorrecte. Drôle et subversif, le sernom tout en verdeur d'Abbey doit tout naturellement finir entre vos mains. Trop dommage de vous priver de désert!

jeudi 6 mars 2008

PETROLE AMES

Le contact du pétrole noircit les hommes au propre comme au figuré. Une vraie marée noire se déverse avec le lent et irrémédiable naufrage du pétrolier Daniel Plainview (Epoustouflant Daniel Day Lewis). Si le pouvoir des grands hommes doit se mesurer aux moyens dont ils se sont servis pour l'acquérir,l'exploration du for intérieur de ce "tanker" fait rejaillir un salaud aux exactions aussi proliférantes que ses extractions. Son empire s'est érigé sur un dévorant esprit de compétition,une paranoia insidieuse et un orgueil pathologique. Au nom du"Toujours plus" et pour satisfaire sa misanthropie, Plainview s'autorise tout! Toutes les compromissions sont envisageables à condition que rien ne lui résiste. Il doit pourtant affronter un jeune prédicateur sournois et hypocrite.Le prêcheur n'hésite pas à faire article de sa foi pour contrecarrer les plans capitalistiques et assouvir sa terrible envie d'être prophète en son pays.
Nouveau western: le roi du pétrole contre l'esprit malin. La cohabitation avec cet adversaire difficile à "éli-miner"est insupportable au rapace Plainview . L'affrontement sera sanguinaire et grandiose.

mercredi 27 février 2008

FLUO CARYL




Dans "Raclée de verts", obnubilé par l'AS Saint Etienne, un supporter refait le match avec son chien Janvion. Sa décision est prise, il ne faut plus vendanger les occasions, quitte à employer la mort subite pour redonner du lustre à son club fétiche et en finir avec tous ces points noirs qu'il a fallu encaisser: Les Giresse, Amisse et autres satanés munichois. L'heure de la revanche a sonné et les pendules doivent être remises à l'heure. Maintenant sur la tactique employée...
Sans vouloir casser "La Branche", ce brillant et imaginatif texte était taillé trop court mais possède l'immense mérite de m'avoir révèler le talent de Caryl Férey, fan de foot et de rockn'roll.
Férey est un puncheur. Phrases courtes et cinglantes, écriture nerveuse, les coups atteignent le plus souvent la cible au service d'intrigues luxuriantes et d'une imagination fertile. J'ai tellement été férré que je me suis précipité sur la jambe gauche de Joe Strummer. Un Caryl de brut encore! Un flic délaissé de tous y compris par ses idoles (Joe a calanché) reprend goût à la vie. Du clash dans l'air!
Je n'hésiterai donc pas à reprendre le Férey-boat pour la Nouvelle Zélande, terre de prédilection de notre voyageur. "Utu" est la prolongation d' "Haka" (Dixit l'auteur qui refuse le terme de suite). A la mort (soi-disant un suicide) de son ami Fitzgérald, un flic dur et bourru à l'esprit bien perturbé a décidé d'affronter un climat local délètère et explosif pour percer la vérité. En bon connaisseur des maoris, Osborne n'ignore pas les vertus guerrières de ce peuple pratiquant le Utu, l'art de la vengeance. Du Osborne interactif.Connaissant les fulgurances de Férey, une marque aussi indélibile qu'un tatouage vous attend.
Ainsi se conclue ce petit éloge sans excès de ce brillant auteur de polar français