mercredi 30 janvier 2008

OXYMOURONS

Le talent des frères Coen réside dans leur capacité à souder des genres contradictoires (l' humour noir absurde et le contemplatif) pour donner plus de force au cri du Cormac (Mac Carthy). Le mythe de l'ouest américain est sérieusement écorné. Nos rois de la soudure dessoudent à tour de bras. A sang pour sang ! Les frères possèdent l'art de la scène cartoonesque surgie de nulle part.
"No country for old men" est une course poursuite entre un looser chanceux et un doux violent psychopathe qui ne sait pas réprimer ses instincts dévastateurs sous le regard analyste et philosophique d'un shériff en fin de parcours.Fans d'oxymores, vous êtes servis!On se hâte lentement.
En trouvant cet énorme magot, Llewelyn, le clair entrevoit avec lucidité qu'il est en train de commettre la plus belle "coennerie" de sa vie. Jamais, il n' avait perçu qu'il boirait le "chigurch" jusqu'à la lie. L'Anton détonne. Et pendant ce temps-là, le shériff disserte sur ces "-fais moi peur" tranquillement avec une certaine mélancolie. Comme une balle à air comprimé, le générique de fin s' abat de façon aussi surprenante que la colère du "dingo" (Bardem, époustoufflant) sur ses victimes.
Si vous êtes encore dans l'expectative, jouez le film à pile ou face!Très "chigurchien" comme attitude!

samedi 26 janvier 2008

DIRE LA CHOSE TOUTE CRUZ

LA BELLE EPOQUE
Le film de Trueba récompensé aux oscars (1994) est une auberge espagnole dont on savoure tous les recoins. D'influence italienne par la truculence et l'irrévérence, le récit est parsémé de portraits hauts en couleur. Américaine par la mécanique de la comédie, Billy Wilder n'aurait pas renié le sens de la scène cocasse. Française par le clin d'oeil à Renoir et son déjeuner sur l'herbe et par l' époustouflante apparition du sous-estimé Michel Galabru, génial en Danglard.
Espagnole par son contexte (Débuts des années 30, la monarchie vacille et les tentations républicaines titillent l'Espagne) et par ses fulgurances surréalistes et burlesques chères à Luis Bunuel.
Comme le jeune déserteur à la conquête des quatres filles d'un peintre humaniste, "La belle époque" possède un sacré tempérament, une énergie communicative et de la vitalité à revendre.
Difficile de savoir qui est vraiment la proie dans ce jeu de la séduction débridé. Un vent de folie douce souffle en permanence jusqu'à ce que Fernando atteigne le stade de la "Luz"(Pénélope Cruz).

vendredi 25 janvier 2008

LE BOOK EMISSAIRE

Estampillé "intello", Evaristo amoureux des lettres et des topless s'est réfugié dans l'alcool pour oublier les méthodes de tonton macoute de son patron, un commissaire promettant un sale temps pour les louches et plus particulièrement aux journalistes des canards persifleurs mexicains. Dès qu'Evaristo s'attache, plus rien ne colle! Dans son périple vers la vérité, il y a à boire et à se venger chez tous ses imbuvables: la "tante", chamula et les scribouillards. La collision des genres provoque un tollé. Une vraie faune (narcopoète, égérie égocentrique, assoiffés) grouille. Pour la restituer, l'écriture de Serna pleine de gouaille s'avère impitoyable et jubilatoire.
Une vraie "déglingue" de cet empire mexicain vous attend. Juste un petit reproche, nous avoir laissé sur notre "fin".

SHANGAI BIDE

Si certains l'aiment rickshaws, vous allez être combler devant cette soigneuse et imposante reconstitution. A la vitesse d'un pousse-pousse, sur le rythme frénétique d'une partie de mah-jong, l'intrigue s'installe. La contestation contre la répression, le combat se focalise sur le corps "accord" entre une jeune espionne et un austère politicien. A force de figures acrobatiques du kama-sutra, notre mata-hari est plongée dans un sacré mic-"mak", partagée entre raison et sentiment. Ces "lee"-aisons dangereuses suintent un certain académisme malgré la présence de l'impeccable Tony Leung.

dimanche 20 janvier 2008

LES CHASSES NEIGES DE TAMANRASSET

"Quand passent les faisans" réunit des volatiles de haut vol prêts à plumer le premier pigeon venu. Dans la hiérarchie des aigrefins, Arsène Baudu (Jean Lefebvre) est loin d'être sauvé des eaux, l'Arsène n'est pas un gentleman cambrioleur,il végète. Ses filouteries tournent vinaigre. Une association avec un commissaire ( Bernard Blier), victime d'une mauvaise orientation professionnelle, s'impose. L'attelage devra pour libérer son génie du mal s'adjoindre les services de Larsan-bellac (Meurisse), un escroc de la catégorie des seigneurs. La métamorphose des cloportes peut débuter.
-"Un homme d'expérience ne devrait jamais s'égarer dans le concret. Il est cent fois plus facile de morceler le cosmos à l'usage des claustrophobes, que de vendre un terrain à Barbizon. L'âme des affaires, c'est l'abstrait".Le catalogue de la fiction marloupine est passé en revue( les chasses neiges de Tamanrasset et autres improbables arnaques).Superbe leçon d'économie pour nos apprentis arnaqueurs.
Audiard démontre toute son expertise en canards sauvages, faisans et autres pigeons. Sa parfaite connaissance de la basse cour lui a permis de concocter une singerie de concours! Une dernière morale: méfiez vous des poules!

samedi 19 janvier 2008

BIG BISOUS EMBRASEZ VOUS!

APPROCHEZ, APPROCHEZ, ON VA S' EMBRASER!
Et d'abord, je vais faire des manières. Devant la difficulté à vous servir le couplet, j'ai décidé de revenir sur mes chéris bibis de 2007. Rien ne vaut le style ancien, noble et tout!
SOUS LA MAIN, ON VA S'EMBRASER! ATTENTION BIG BISOUS!
Trés hardi, le bibi pour Derniers verres. Un pote mort quasiment à sa porte rappelle à un alcoolique repenti le souvenir d'un temps pas vraiment joli. Récit d'un lendemain de cuite très tardif mais ô combien douleureux. La fin de l'ivresse laisse place à une belle odeur de pourri. Un dernier (big bisou) pour la route.

APPROCHEZ, APPROCHEZ, ON VA S'EMBRASER! BIG BISOU!

Enchainez, plus rien n'est défendu, attention. Il faut oser faire le premier pas pour "le bibliothécaire". David Golberg,un homme très tranquille accepte un emploi de bibliothécaire, un vrai boulot à haut risque! Il faut toujours avoir des archives sur son futur employeur.. Vous allez embrasser les aventures du malheureux Golberg détraqué par le fait d'être traqué! Big bisous pour ce polar politique sur les dérives du monde politique américain. Larry Beinhart, il faut le couvrir de milliers de bises!
APPROCHEZ, APPROCHEZ, ON VA S'EMBRASER! BIG BISOUS

Emotion, grand frisson, sur la bouche. A pleine bouche, si vous voulez! Le grand baiser façon Hollywood pour la trilogie Millénium T1: L'homme qui n'aimait pas les femmes T2:La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette T3:La reine dans le palais des courants d'air.
Kisses! Parfait dosage entre polar, aventure et espionnage. Vous n'êtes pas prêt d'oublier cette étreinte.Le "patin" artistique pour les aventures de personnages attachants et magnifiquement dépeints. Il faudra répondre présent à la pelle.
Big bisous!
En cette fin de chronique, vous l'avez compris. Cette semaine, la bise n'est pas venue. Jean Louis débré et son histoire de gros poissons ne font pas partie de ma pêche au gros (bisou).

mardi 15 janvier 2008

LE PARI TEXAS

Comment parler des arrivages de la semaine dans le rayon polar et omettre le dernier Lansdale?
Chronique TAPE-CUL(te). Je risque de m'enfoncer dans LES MARECAGES de la dithyrambe.
Sacré conteur, maniant l'humour de façon virtuose, Lansdale vous plonge dans des histoires bien ficelées avec des rebondissements étonnants. A la frontière du polar et du western, le récit est toujours relevé! A des lustres de ces BAD CHILI régulièrement servis. Cet auteur possède un vrai sens du rythme, cette affirmation ne faisant pas seulement allusion à son MAMBO DES DEUX OURS. Je vous conseille toutes les aventures de ce duo déjanté et singulier: Hap Collins et Léonard Pine.
SUR LA LIGNE NOIRE, il vous donnera le goût du sang: en JUILLET (DE SANG) ou dans son dernier opus, (DU SANG) DANS LA SCIURE.
Vous l'avez compris, avec cet écrivain, je grimpe aux ARBRES (A BOUTEILLES)
A découvrir d'urgence!

THE LOGICAL GONG BY SUPERTRAMP

En pleine crise existentielle, Chris Mc Candless a décidé de prendre son élan pour un grand trip solitaire. Les amarres larguées, notre "supertramp" de (nature) sensible est prêt à affronter les difficultés de (toute nature). Les points de forts de ce road movie ne manquent pas:Nature et grands espaces magnifiquement montrés, mode de narration captivant. Penn de coeur!
Rien ne saurait couper l'élan (pas même ce grand cerf du même nom) de notre idéaliste. Suivi pas à pas. La "rando" prend ancrage dans l'Alaska. Une carcasse d'autobus,impérial pour notre routard déterminé,sert de refuge. Jonché sur le toit de l'épave, notre juvénile et lyrique héros se prendrait volontiers pour Di caprio sur la proue du Titanic.
En dehors des traces de notre solitaire, le réalisateur nous dépeint une autre Amérique et ses "marginaux". Très Kerouac ! La symbolique et la psychologie de certains personnages sont aussi tempérés que le climat de l'Alaska. Du robuste!!La grosse tirade morale nous menace régulièrement,le cliché peut s'abattre comme la foudre sur le spectateur à tout moment(Pour mieux situer,inutile de demander le ralenti) . Peine à aimer.

dimanche 13 janvier 2008

LA DAME AU CECILIA

Le bon vieux coup de la menace de la censure a encore fonctionné! La dame au Cécilia(Anna Bitton pour mémoire) a raflé la mise, cette semaine! "Dring, dring!" des caisses enregistreuses pour le "bling,bling" présidentiel. Un livre sollicité comme un autographe: jamais vraiment pour soi.
Toutefois, on peut se consacrer aux charmes de la nouveauté italienne sans passer par Disneyland ou Petra sans brunir le tableau. J'officialise et rends publique mes deux coups de coeur de la semaine. Oui, c'est du sérieux.


Nous ne sommes rien, soyons tout
Couplet d'un chant révolutionnaire pour dépeindre l'histoire d'un jaune au milieu des rouges, trop marron à l'heure du maccarthysme. Bien noir,non?



Pour changer des sempiternels "Goncourt", osez le prix "Grinzane Cavour"!!!. Cet échange d'e-mails entre un criminel assumé qui n'a pas terminé son boulot et sa juge s'annonce captivant. Critique féroce de la nouvelle économie et du monde de la finance.




Ma conférence de presse se termine. Et, si vous parlez me parler de pouvoir d'achat? Mes caisses sont vides.

META STASI

Un flambeur amoureux d'une poétesse mariée donne un aspect "Jules et Jim" est-allemand à cette tentative tendance "Good bye Lénine" bis. L'action se situe en 1961 quelques semaines avant l'édification du mur de Berlin. Et ce mur a des oreilles, la stasi devient de plus en plus omniprésente (Genre "La vie des autres"). Le perroquet rouge, club de danse à l'occidentale va jouer l'oiseau de mauvais augure pour ces habitués. Un gros mélo plein de défauts difficile à détester. Ni bon, ni mauvais!

TRAIN D' ATTERRISSAGE


Le chef de gare Doiaru l'a décidé (génial acteur). Pour continuer son chemin, le convoi des américains devra présenter patte blanche. Pour ce carpathe têtu, hors de question de faire la carpette devant un peuple attendu en 1945 et présent seulement 50 ans plus tard. Face à l'attitude mutique du cheminot, le capitaine Jones tout en colère intérieure déploie des trésors de diplomatie et de bienveillance pour débloquer la situation. En vain! Amateur de situations ubuesques, kafkaiennes et caustiques, avec "California dreamin'", vous êtes sur de bons rails.
Cette situation cocasse fera le bonheur des adolescentes roumaines et du très hospitalier maire.
Personne ne sortira indemne de cette odyssée picaresque. La farce vire au tragique et illustre avec brio que l'enfer est pavé de bonnes intentions. Subtilement absurde.

mercredi 9 janvier 2008

LE SURPRISE DU CHEF

MASTER AND COMMANDER
Je ne le sentais pas. Cette adaptation des romans fleuves de Patrick O'brian aux allures de superproduction ne m'inspirait guère. Quel nigaud! Une sacrée erreur de cap!
Le film navigue dans des eaux inattendues. J'avais pressenti une grosse bataille navale sans intêret et je me retrouve touché et totalement submergé par la richesse des thèmes abordés.
Le navire d'Aubrey porte véritablement bien son nom: "surprise".
Morale de cette chronique: attention à nos jugements bateaux

KILL BILL ET TOUS LES AUTRES

Au départ, une jolie blonde, battante et bafouée. L'empathie fonctionne à plein gaz. Harnachée façon Uma Thurman, chevauchant sa moto, Angie (Kierston Wareig) veut prendre sa revanche et participer à la course de la réussite. Face aux obstacles, tous les coups sont permis, les dérapages deviennent plus ou moins contrôlés. Prête à tout! (Quelques similitudes avec le rôle de Nicole Kidman). Les règles du capitalisme sauvage rendent l'ange démoniaque et surtout inhumaine. Sa quête au gain n'a plus de sens. Le n'importe quoi avec n'importe qui devient sa ligne de conduite. Les vies ne valent rien face au possible profit. Le monstre du "Loach" naît: cinglante démonstration!

lundi 7 janvier 2008

FAIS MOI DU COUSCOUS !

A la sortie de ce film, l'envie de se précipiter dans le premier restaurant de couscous venu m'assaille. Ce film s'adresse cruellement à votre estomac. 2h30 d'une sublime mise en bouche, avec en prime une fièvreuse danse du ventre. Comment ne pas sortir de ce film sans avoir les crocs ?
Et pourtant,sous nos yeux, l'attachante galerie de personnages pédale dans la semoule. Constamment. Face à un monde du travail impitoyable, aux turpitudes administratives, Kéchiche filme avec talent des gens qui font face. Des morceaux d'humanité aussi juteux que la préparation aux légumes si fondante en son coeur, une finesse d'esprit aussi fine que la fameuse graine. Ajoutez la pointe de tchatche, "l'harissa" de nombreuses séquences. Sans négliger ici et là ces fameux raisins de saveur (le film en regorge). Tous les ingrédients sont réunis pour un premier de cordée haut en couleur. Un vrai concentré de valeurs simples pour un effet vraiment épicé.
Un "rym" à la vie..(Mention spéciale à Hafsia Herzi)

dimanche 6 janvier 2008

L'EPIPHANIE DU LIBRAIRE

Vais-je tomber sur la fève? Privé de nouveautés depuis un mois,condammé à vendre les mémoires de Michel Drucker,le libraire vide ses premières caisses de l'année avec la fébrilité d'un mangeur de galettes. Toujours prêt à tresser des couronnes, à proclamer de nouveaux rois, à déguster les premières bouchées avant d'être submergé par l'aspect bourratif et déferlant de la seconde rentrée littéraire.

Pour vraiment enterrer le 25 décembre, je vous propose un assassinat de père Noel bien glauque avec le pantalon aux chevilles. Une occasion de retrouver le fameux commissaire Erlandur et ses turpitudes. Un guide du routard pour l'Islande pas du tout conventionnel





On peut tenter de se détendre avec les aventures d'un certain Sean, un raté dont le rêve est de devenir détective privé. Aubaine,on lui propose ce job! Pour notre plus grand bonheur, ce pied nickelé aficionado de la loose va se débattre. Humour noir british annoncé. Difficile de bouder. Le visuel ne l'indiquant pas, "le roi des fourmis" est sorti en poche. Enfin un livre qui démontre que ces insectes ne sont pas l'exclusivité de Werber.


Enfin, comme les camenberts qui annoncent la couleur, Natsuo Kirino, une japonaise bardée de prix littéraire promet un "MONSTRUEUX". Pas de tromperie sur la marchandise,une vision terrible du Japon vous est proposée(Le guide du Routard sur ce pays reste à écrire). Après une jeunesse dans un lycée huppé,deux jeunes femmes devenues prostituées sont retrouvées assassinées.




Voilà c'est fini! C'était le contenu de la caisse noire. Et ça me donne une sacrée envie de les lire