mercredi 23 avril 2008

LADY JANE ERRE

Le kdnapping du fils de Muriel (Ascaride) permet de déterrer beaucoup de choses enfouies: les pistolets dans les tupperwares et les idéaux. Et en avant comme au temps des Rolling Stones, pour la bonne cause! Malheureusement, certains calibres sont plus faciles à réamorcer, d'autres canons se sont sérieusement grippés. Le cinéaste marseillais filme les temps qui déchantent, les magies envolées et des pantins que l'esprit de vengeance fait valser dans tous les sens. Chez Guédiguian, cohabitent Robert et Robert. L'un adonné à ses thèmes fétiches et la dissécation introspective de son trio habituel, l'autre totalement orienté vers un cinéma de genre: le polar et l'intégralité de son attirail. Lady Jane erre entre les deux et nous avec !

vendredi 18 avril 2008

SALADE PIEMONTAISE

Le procédé de ce roman éveille une vraie curiosité. Chaque chapitre est précédé d'une strophe de la chanson dédiée à Colombano. Perissinotto étoffe le couplet en tentant de nous expliquer pourquoi on veut tailler le tailleur de pierre, son écriture s'applique à ne pas être anachronique. Dans un décor aride, dans un marécage d'obscurantisme, un juge Ippolito Berthe résiste face à la vindicte populaire accusant d' une manière ou d'une autre, Colombano des quatre meurtres de ses voisins. Pourquoi tant d'acharnement! Le magistrat se livre à un sacré combat rhétorique pour innocenter Colombano, n'hésite pas à s'impliquer personnellement pour défendre sa conviction, affronte les croyances populaires pour percer la vérité. Sous des latitudes si rudes, à cette époque encore moyenâgeuse (1533), mener une enquête nécessite le talent de se poser les bonnes questions pour éviter "la question". Ippolito se torture l'esprit.
Cette salade piémontaise d'antan renvoit un bel écho (ou Eco) au "Nom de la rose". Tout aussi captivant et érudit.

BRASSES IN THE POCKET

Léon est un con! Buté par accident, sa piètre côte de popularité engendre un faux témoignage unanime pour couvrir le malheureux assassin. Le cadavre porte un costard et tout le monde, police comprise, voudrait enterrer "l'affreux" au plus vite. Le quartier de God's Pocket, banni des dieux, et la séduisante maman ne l'entendent pas de cette oreille. Le beau père, mafioso à la petite semaine, pour redonner du lustre à son couple en pleine débâcle, essaye d'offrir un bel enterrement à ce satané Léon. Mickey, l'homme en question, avec son art de miser sur le mauvais cheval, engloutit la cagnotte de la communauté aux courses. Dès lors, inhumer Léon devient très compliqué. Pour parfaire la situation déjà délicate, la mafia (en pleine décomposition- recomposition) et la presse avec un journaliste qui s'amourache de la mère éplorée viennent compliquer ce funèbre tableau.
Ce premier roman fait preuve de beaucoup de Dexter(ité)! Un plongeon en apnée, une nage en eaux troubles et de vraies brasses coulées vous attendent dans ce croustillant portrait de Philadelphie. Pas de quartier!

mercredi 16 avril 2008

COMMENT REUSSIR QUAND ON EST PLEURNICHARDE

Antoine Robinaud (joué par Carmet) a trouvé son double asiatique. Une ingénue chinoise, vendeuse de DVD à la sauvette, se détecte une vraie facilité à verser des larmes. Paratonnerre à malheur, les occasions de chialer ne manquent pas: se trouver sans le sou, avec un enfant abandonné et le mari en prison. Forte de ce talent compassionnel, la débrouillarde à la vie dissolue se trouve ce boulot de pleureuse aux antipodes de son énergique personnalité. Rien qu'une larme et la monnaie sonnante et trébuchante s'amasse! L'envie de payer les dettes pour sortir son mari de prison s'étiole rapidement. Ce portrait de femme au bord de la crise de nerfs auscille entre le drame réaliste et la farce politique. Non estampillé officiel, ce Made in China vous fera rire d'un oeil et pleurer de l'autre. Une expérience à tenter! Instructif sur la chine "borderline" d'aujourd'hui.

PEPINS LES BREVES DE COMPTOIR

Il a tout pillé, le vrai gangster de l'histoire se nomme Samuel Benchetrit. Ce cinéaste très cinéphile a chapardé des bouts d'univers à Tarantino, a carrément braqué Jarmusch en épousant son tempo, a dérobé la saveur de la comédie italienne à la Monicelli tout en lorgnant sur les bijoux de polars français à la papa. Un truand doit avoir ses références. A l'arrivée, un casse de haut vol! Benchetrit a recensé une jolie brochette de losers pour les planter littéralement dans le décor. Les marioles de la cambriole se débattent pour irrémédiablement revenir à cette pauvre case de départ: une pathétique cafet' clauque. Ces grands perdants gagnent à être connu. Dans ce récit (de branleur ?), Benchetrit fait exister une vraie poésie de la déglingue.