jeudi 9 octobre 2008

LEZARD MARTIAL


Après un récent déménagement en banlieue, le meilleur compagnon de jeu de Martial (un squelette en plastique) n'engendre pas l'extase. L'adolescent a des choses intéressantes à dire mais personne ne lui parle. La tentative d'intégration initiée par sa mère aussi larguée que le fils, s'est soldée par un désastreux et déprimant goûter. Martial avait pourtant payé l'unique participant.
Deux jumelles black vont lui ouvrir de nouvelles portes, les deux mutiques soeurs possèdent d'intrigantes clés des champs. Pour cet ado qui ne tourne pas rond, les perspectives alléchantes de cette rencontre valent bien quelques transgressions. Martial est complètement hypnotisé par l'aisance, l'aplomb et la beauté de ses deux excitantes muses. De nouveaux horizons s'offrent à lui, celui de l'horizontale notamment. Jeux dangereux, jeux interdits. Sans repères avec ses parents complètement obnubilés par leurs déboires sentimentaux, happé par l'univers fascinant des deux princesses délinquantes, Martial en plein désarroi existentiel transforme l'appartement de sa mère en véritable capharnaum. Une figuration du bordel dans sa tête! La fin de l'histoire prend l'allure d'une sévère gueule de bois!

mercredi 8 octobre 2008

NOIRCEUR D'UN MARIAGE BLANC

Apôtres du cinéma social sans concession, ni pathos, les frères Dardenne dresse le portrait d'une immigrée clandestine en pleine ambivalence. Lorna se débat dans le no man's land entre le bien et le mal, la notion de frontière étant complètement aléatoire. Pour devenir propriétaire du snack de ses rêves, la jeune femme est prise en sandwich. Elle a arrangé un mariage avec un camé Claudy pour obtenir les papiers belges. En acceptant cette compromission, Lorna devient l'objet d'une prochaine planification de mariage, un mafieux russe cette fois- ci. Un engrenage impitoyable. Pour la promesse d'une meilleure situation matérielle, Lorna agit froidement avec le drogué, le traitant tel un chien pendant les tentatives de sevrage. Dans les projets des sbires, Claudy doit disparaître d'une manière ou d'une autre. Le décès inéluctable de l'attachant Claudy écartèle totalement l'albanaise. Après un hiératique rapport sexuel avec sa victime, Lorna entre dans une période de fécondation très trouble. L'experte en simulation va devoir se débattre avec des sentiments aussi contradictoires que la vénalité et la sollicitude, des valeurs agissant comme des boomerangs. Un tintamarre cérébral insupportable. Ce tourment intérieur justifiait- il une fin aussi mystique et elliptique ?

mardi 7 octobre 2008

FRENCH QUAND? QUAND?

Le grand écart: Sofia ne le supporte pas! Le soleil et les grands espaces campagnards du Maroc ne compensent le souvenir de la France, subitement quittée. Ce retour aux sources rebute l'adolescente. Butée, carrément braquée par cet éloignement, Sofia s' heurte en permanence à ses parents. Frappée du mal (de ce qu'elle considère être son)du pays, Sofia livre bataille pour apposer le visa parental sur le fameux passeport. Totalement obsédée par ce sésame, la locomotive de Sofia ne déraille pas face à la pression des traditions. Dans son combat de forcenée, impossible d'imposer à la rebelle les travaux de la cuisine, une tentative de mariage arrangé ou les attitudes contraignantes inhérentes au statut de la femme. Son entêtement la conduira aux corvées des champs, son insoumission à une coupe garçonne à la Jeanne d'arc, son obstination à se réfugier dans les études. Par capitulation, son père (pleutre, attachant)et sa mère(impitoyable, compréhensive) finiront par céder à la perpétuelle requête de l'impétueuse.
La complexité de ce sentiment d'appartenance traduira toute son ambiguïté dans l'épilogue.
Film un peu thésard sur l'emmerdement d'être né quelque part et sur l'impossibilité de se situer entre son ailleurs et son ici.

GRIEF D'ORGANE

L' univers d' Erlendur, inspecteur islandais, baigne dans le sordide. Sa vie privée se réduit à une peau de chagrin. L'environnement de sa fille droguée chevauche celui des malfrats qu'il poursuit. Avec son petit pull en laine guère fantasmant, son collier de barbe donnant un look d'ensemble un peu rasoir, Erlendur manie l'humour glaçant, une arme massacrante face aux crimes "à la con". L'enquête sur un meurtre de routier porté sur la pornographie semble rentrer dans cette catégorie des méfaits bêtes et méchants. En creusant, Erlendur va déterrer une douloureuse affaire vieille de 40 ans tournant autour des frasques d'un gang qui a terrorisé l'île dans les années 70.
En exhumant ce passé aux odeurs rances, Erlendur flanqué de ses deux acolytes Sigurdur Oli (aussi volontaire que maladroit) et Elimborg (aussi efficace qu'anti-sexy) vont pas à pas reconstituer la généalogie d'un crime. En guise d'archives municipales, la lugubre cité des jarres et ses organes trempant dans le formol! Cette histoire glauque, sombre et complexe avec ses magistraux coups de théâtre ne risque pas de chloroformer votre cerveau. Belle adaptation du brillant Indridason

POPPY HILARITE

Vie sentimentale aussi riche que la flore du Sahel. Vélo volé sans un dernier au revoir. Cuite monumentale avec ses copines. Poppy accueille tous les moments de la même façon, elle a bloqué le curseur sur le mode: bonne humeur. Une philosophie de vie immuable: rire de tout et en toutes circonstances. Avec sa gaieté pour étendard, la croisée du rire affronte la vie sans donner de leçons. Elle aurait plutôt tendance à en prendre: des cours de trampoline, flamenco et auto-école.
Poppy est passée maître dans l'art de faire craquer ses différents professeurs. La rigolade permanente provoque des effets dévastateurs sur les nerfs des pédagogues.
Le moniteur auto- école, incarnation ambulante de la psychorigidité, en balbutie son satané code et ignore quelle conduite adopter face à cette exaspérante élève. Cette fille bien lunée se situe à des années lumières de sa triste planète. Tête à queue assuré ? Le petit drame intérieur du mono partagé entre ses émotions naissantes et l'application stricte du dogme de la route, ne dévie pas d'un pouce la ligne droite de Poppy. La quête vers le bonheur n'emprunte pas les itinéraires de compromis. Avec sa légèreté de poids lourds, Poppy poursuivra sa joyeuse (mais épuisante) démonstration laissant certainement quelques spectateurs en chemin.


dimanche 28 septembre 2008

QUI VIVRA, VERRAT

Au chevet de leur maman dans le coma, trois frères (enfin surtout deux) n'essaient à aucun moment de tuer les cochons qui sommeillent en eux. L'hydre de la tentation s'impose sans une réelle lutte interne; d'ailleurs, Mathieu pourtant marié, ne demande qu'à être happé par l'engrenage. Un engrenage incarné par une volcanique blonde collègue de travail branchée sur un curieux courant alternatif. Une spirale qui donne du ressort à Christian, un judoka faisant ceinture s'adonnant à ces fantasmes de plus en plus juteux, sa consommation d'esuie-tout en attestant. Un processus dans lequel Rémi, le plus sage, incite les deux excités à ne pas mettre le doigt. En plein désaccord anatomique sur ce point précis! Les perspectives électrisantes et les récits qui en découlent valent bien quelques menteries, quitte à se faire "poigner".
Malgré les sempiternelles recommandations de Rémi, un vrai samouraï aux yeux de ses deux petits frères, le "Sex and the city" de nos agités de la libido vit ses soubresauts et les débriefings des frangins ne manquent pas de cocasseries. Qui vivra, verrat! Une règle pour rompre la monotonie et faire la nique aux moralisateurs. D'ailleurs, le donneur de leçon est-il si irréprochable?
Réponse savoureuse avec en prime le si folklorique accent québécois.


COMMENT CA QUAND ON VEUT ?

-Merci,c'est bon pour moi, Michel ?
-Quand on veut !
-Comment ça quand on veut ? Tu as filmé là.
- Ah non,non. Je n'ai pas filmé.
Et si cet extrait de "Parle moi de la pluie" condensait en quelques lignes la force et les faiblesses du cinéma français en général et de ce dernier opus en particulier. Cette photo de groupe avec subtils contrastes, savants dosages entre zones d'ombres et lumineuses apartés dévoile un cliché pétri de qualités. Les "Jabac" savent trouver le bon angle. Les sujets se conjuguent parfaitement, Bacri bougonne divinement bien, Debbouze est à sa main, les seconds rôles ont de l'étoffe. Les dialogues sonnent juste. Pour le thème? Humiliés, humiliées de France et des autres contrées, ce film met en exergue toutes les petites vexations auxquelles on ne prête pas suffisamment attention. A travers un documentaire d'une originalité désolante (Une collection sur les femmes qui ont réussi), Michel Ronsard (Bacri) aidé de son acolyte Karim (Debbouze)suivent pas à pas Agathe Villanova (Jaoui), une féministe parachutée sur les terres de son enfance pour les prochaines élections. Allons voir si la rosse ?
- Merci c'est bon pour moi, moteur!
- Quand on veut!
- Comment ça quand on veut ?
-Tu as une histoire à raconter, là!
- Ah,non,non. Je n'ai pas d'histoire.
Zoom sur un visage dépité à la Bacri.