Harvey redonne de la couleur à la noirceur sans faire dans le morbide ostentatoire. Sa marque de fabrique: un style tout en élégance, des personnages fascinants et complexes, des histoires très élaborées. Grâce à cet explorateur des cerveaux malades, le roman de procédure policière atteint des sommets de justesse. Harvey traque le pire des serials killers: le tueur lambda, anodin à la vie bien rangée. Du quasi -indémasquable!
Franck Elder, dans ce troisième volet d'une trilogie (De chair et de sang, de cendres et d'os: il est conseillé de ne pas suivre mon exemple, il est préférable de les lire dans l'ordre pour mieux apprécier Elder), s'y attaque. Affrontant ses propres tourments et ses petites lâchetés; Elder abandonne ses Cornouailles fétiches pour résoudre la disparition d'une femme de 50 ans à la vie pas si nette avec le net. En retrouvant le cadavre de l'internaute, des similitudes avec un vieux crime non élucidé vont émerger. A force de recoupements, vérifications et supputations, Elder va s'enfoncer dans les ténèbres affolantes de l'insondable. Le policier de Nottingham déforeste minutieusement et se méfie constamment de l'arbre cachant la forêt. Les candidats au meurtre sont potentiellement légion. Rares sont les citoyens au dessus de tout soupçon. Harvey, par le prisme d'Elder, autopsie l'inhumain. Monstrueusement crédible!
dimanche 31 août 2008
mercredi 27 août 2008
FAUSSE ROUTE
Déroutant! Percutant comme l'invraisemblable carambolage de tordus, sur une route désertique, provoqué par deux flics allergiques aux excès de vitesse. Les chevaliers aussi timbrés que zélés du code de la route, aux conduites très contestables vont provoquer une catastrophe en cascade. Pour un petit délit, une vraie tuerie.
A l'heure de la reconstitution, les arrogants bureaucrates du FBI, sous les yeux désapprobateurs du pathétique escadron local, vont auditionner les trois survivants aux versions bien différentes des évènements. Que de divergences optiques! Le casting de ce " Rashomon" routier laisse a priori peu de place au romantisme. Cette forte concentration de déviants au m2 n'aide pas à démêler les faits. Un véritable carrefour de fausses routes.
Pied au plancher, franchissant tous les interdits, la fille de Lynch nous entraîne droit dans le panneau. Habilement manipulateur!
A l'heure de la reconstitution, les arrogants bureaucrates du FBI, sous les yeux désapprobateurs du pathétique escadron local, vont auditionner les trois survivants aux versions bien différentes des évènements. Que de divergences optiques! Le casting de ce " Rashomon" routier laisse a priori peu de place au romantisme. Cette forte concentration de déviants au m2 n'aide pas à démêler les faits. Un véritable carrefour de fausses routes.
Pied au plancher, franchissant tous les interdits, la fille de Lynch nous entraîne droit dans le panneau. Habilement manipulateur!
lundi 25 août 2008
QUINTE DANS LE DESORDRE
Le quinté dans le désordre pour esquisser ce pastel Duval. Cinq jours décisifs échappant à toute chronologie pour mieux cerner ce quintette familial coincé sur la corde sensible. Les éclipses de cette étoile à cinq branches ne manquent pas de mélancolie. Cette bande originale est composée de sacrés numéros (Lisez cette phrase comme vous l'entendez !)
Robert (comme l'acteur américain), un chauffeur de taxi philosophe avec un bon fond (qui aurait mérité d'être creusé encore), s'époumone à orchestrer de façon harmonieuse le sonnet Duval. Marie- Jeanne, en mère attentive se mêlant essentiellement et prioritairement de ce qui ne la regarde pas, atteinte de crise de jeunisme, veille à maintenir le précaire équilibre familial soumis aux personnalités de trois enfants très différents.
Le très normatif et arrogant Albert, l'ainé est passé directement des jupons de maman à ceux de Prune. Moins péremptoire, beaucoup plus romantique et bordélique, la maturation de Raphael "magic fingers" ne s'effectue pas "fingers in the nose". En pleine rébellion adolescente, la petite dernière Fleur va se confronter au fleuron de la mesquinerie masculine. Une première douloureuse et formatrice histoire facile à déflorer.
Un peu trop C.R.A.Z.Y, les Duval ? Certainement, un "air de famille" aussi! Bezançon est doté d'un solide sens de l'observation, esquivant certains clichés pour mieux s'emplafonner sur d'autres.
Robert (comme l'acteur américain), un chauffeur de taxi philosophe avec un bon fond (qui aurait mérité d'être creusé encore), s'époumone à orchestrer de façon harmonieuse le sonnet Duval. Marie- Jeanne, en mère attentive se mêlant essentiellement et prioritairement de ce qui ne la regarde pas, atteinte de crise de jeunisme, veille à maintenir le précaire équilibre familial soumis aux personnalités de trois enfants très différents.
Le très normatif et arrogant Albert, l'ainé est passé directement des jupons de maman à ceux de Prune. Moins péremptoire, beaucoup plus romantique et bordélique, la maturation de Raphael "magic fingers" ne s'effectue pas "fingers in the nose". En pleine rébellion adolescente, la petite dernière Fleur va se confronter au fleuron de la mesquinerie masculine. Une première douloureuse et formatrice histoire facile à déflorer.
Un peu trop C.R.A.Z.Y, les Duval ? Certainement, un "air de famille" aussi! Bezançon est doté d'un solide sens de l'observation, esquivant certains clichés pour mieux s'emplafonner sur d'autres.
Libellés :
LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE
mercredi 20 août 2008
FILM SANS GLAND
Ce pastiche aux canines aiguisées contre l'hypocrite ordre moral américain brille par son humour et son sens de la transgression.
Dans un décor de zone pavillonnaire, aux pieds de deux inquiètants réacteurs nucléaires, Dawn milite ardemmment pour une association prônant chasteté et abstinence tout en luttant intérieurement contre ces naturelles pulsions hormonales. Dawn détient un terrible secret. Son demi-frère, tout jeune, avait mis le doigt dessus (ou dedans) à ses dépens, ses relations avec ses copines en furent toutes retournées. Cette cicatrice a complètement détraqué l'adolescent devenu un véritable tyran domestique.
La "poule" a des dents! A la moindre contrariété, si Dawn prend le mors aux dents ou a une dent contre quelqu'un, l'homme se retrouve tout ébouté! Et hébété bien évidemment! Le vagina dentata sévit et tranche irrémédiablement. Attention les premières étreintes forcées, les gynécologues un peu libidineux, les romantiques à la mord-moi- le noeud! La prude apprend vite à se faire les dents. Sous le toit (familial) brûlant, la "chatte" règlera son compte à son pittbull de demi-frère. Dawn, faut vraiment savoir la prendre par le bon bout!
Dans un décor de zone pavillonnaire, aux pieds de deux inquiètants réacteurs nucléaires, Dawn milite ardemmment pour une association prônant chasteté et abstinence tout en luttant intérieurement contre ces naturelles pulsions hormonales. Dawn détient un terrible secret. Son demi-frère, tout jeune, avait mis le doigt dessus (ou dedans) à ses dépens, ses relations avec ses copines en furent toutes retournées. Cette cicatrice a complètement détraqué l'adolescent devenu un véritable tyran domestique.
La "poule" a des dents! A la moindre contrariété, si Dawn prend le mors aux dents ou a une dent contre quelqu'un, l'homme se retrouve tout ébouté! Et hébété bien évidemment! Le vagina dentata sévit et tranche irrémédiablement. Attention les premières étreintes forcées, les gynécologues un peu libidineux, les romantiques à la mord-moi- le noeud! La prude apprend vite à se faire les dents. Sous le toit (familial) brûlant, la "chatte" règlera son compte à son pittbull de demi-frère. Dawn, faut vraiment savoir la prendre par le bon bout!
mercredi 13 août 2008
TOUT LE MONDE SUR LE PONTE
Dans ce distingué terrarium, c'est le crotale, Pierre Collier, un éminent spécialiste de la psychiatrie et accessoirement bourreau des coeurs qui succombe au milieu de ce nid de reptiles. Chaque invité possède une raison d'en vouloir au ponte. L'épouse Claire a avalé beaucoup de couleuvres, la maîtresse Esther a entendu beaucoup trop de sornettes, l'ex Léa ne demande qu'à cracher son venin. Les langues de vipères et les piranhas complètent ce sympathique bestiaire. La belle demeure bordelaise nourrit un serpent en son sein. Les alibis les plus solides ne revêtissent pas toujours des allures d'anacondas. Attention aux apparences trompeuses! Sous l'oeil de l'inspecteur Grange, la faune s'échange coups de griffes et piques acerbes. Bonitzer lézarde sur un rythme de sénateur.
dimanche 10 août 2008
AVANIES ET FRANCOISE
Sagan a connu un destin tellement romanesque que la réalisatrice a du considérer que le reste (ses romans) n'était que littérature.
De la gloire à la déchéance. Régulièrement fachée (donc fauchée) avec l'argent (qu'elle méprise), Sagan a payé le prix fort de sa soif de liberté. Facture salée pour ce brin de femme dont l'étendard était l'insouciance.
Des paradis artificiels à l'enfer de la maladie. Effigie de la jet set littéraire, Sagan a affronté "sa légende" avec nonchalance, une ironie constante et beaucoup d'artifices. La dépendance de l' heroine à l'héro a terminé en scandales et a transformé sa fin de vie en véritable torture physique. Bonjour, tristesse.
De l'effervescence du succès à la solitude. La pire des souffrances pour cette hédoniste aux amours variées et instables. La biopic de Kurys n'essaie pas d'angéliser cette anti-conformiste à bout de soufre(quelquefois lâche ou indigne, pas très courageuse, souvent égoiste). La composition de Sylvie Testud est stupéfiante d'authenticité: la voix, les tics et les mimiques.
Mais fallait-il pour évoquer cette muse de la légèreté être aussi lourd sur la décrépitude de la romancière, conséquence de tous les excès.
mercredi 6 août 2008
LES BIJOUX DE FAMILLE
Dans la mouise financière,deux frères, l'un au potentiel de salaud manipulateur, l'autre aussi désargenté que paumé, décident de s'attaquer aux bijoux de famille avec un hold up sur un lieu qu'ils connaissent parfaitement: la joaillerie de leur père. L'esprit "family business" est salement égratigné.Le bon vieux braquage des familles tourne vite à la déroute. Cascade de dégats, de bavures et d'approximations. En orfèvres, les deux frangins possèdent le don de toujours privilégier la pire des solutions avec une sacrée obstination à se fourvoyer dans l'erreur.La veulerie ne se rèvèle guère comme une bonne conseillère.
A partir d'une narration déstructurée (digne de l'agitation mentale des frérots) s'articulant sur la préparation et les conséquences de l'attaque avortée de la bijouterie, Lumet varie les angles à partir de mêmes scènes pour mieux cerner ce désastre familial. Dans les bassesses et les trahisons, les Hanson atteignent les sommets. Enormes bouffées de bien pourri! D'une noirceur absolue, rien ne pourra empêcher le désastre programmé. Une matinée de chien!
A partir d'une narration déstructurée (digne de l'agitation mentale des frérots) s'articulant sur la préparation et les conséquences de l'attaque avortée de la bijouterie, Lumet varie les angles à partir de mêmes scènes pour mieux cerner ce désastre familial. Dans les bassesses et les trahisons, les Hanson atteignent les sommets. Enormes bouffées de bien pourri! D'une noirceur absolue, rien ne pourra empêcher le désastre programmé. Une matinée de chien!
HIPPIE HIPPIE SHAKE
40 ans de temps forts revisités au pas de charge d'une cavalerie de CRS. Les idéaux n'ont pas toujours été aussi solides que les barricades. En miettes, les belles idées! La nature ou la cruelle réalité s'en sont chargés.Cette petite chronique de l'évolution de la pensée sociale dresse un amer bilan. Si des avancées significatives ont été obtenues avec la légalisation de l'avortement et le PACS, l'entre-deux-Mai (de 68 à l'élection de Sarkozy)a consacré le retour du puritarisme, vu l'arrivée du sida et fini de faire fondre les dernières illusions.
L'album photo de cette génération est un catalogue fourni de déboires. Les hippies n'ont pas toujours récolté les graines qu'ils avaient semées, ils ont laissé leur jardin s'envahir de"mauvaises herbes". De cette exigence de liberté, de cette utopie communautaire, sont restées les parties de jambes en l'air dans les prairies fleuries à flanc de coteau, la maitrise de la recette traditionnelle du fromage de chèvre et la tendresse,bordel! Seule la beauté de Laetitia Casta semble inaltérable, à 20 ans comme à 60 piges; il fallait que quelque chose ne prenne pas une ride.
vendredi 1 août 2008
PRESQUE DU BOGART
Sur certains points, Pierre Vernet correspond à la mythologie du détective privé à quelques détails prêts. Comme Bogart, Vernet boit du whisky mais raisonnablement, pas de virées éthyliques.
Comme l'icône au trench-coat, il reçoit à son bureau une beauté fatale, une actrice à succès belle et mystérieuse, bref, une femme dont on tombe facilement sous le charme. En guise de réplique couperet, notre "Marlowe" se précipite dans le cinéma le plus proche avec toute sa famille, savourer la prestation cinématographique de sa toute dernière cliente. Presque du Bogart!
Cette "Lola" se sent menacée et notre intrépide privé la retrouve morte dans sa baignoire. Son sang ne faisant qu'un tour, le limier de seconde zone va mener une filature chez "les peoples" de l'époque. Autant avec la chance caractérisant les anti- héros des hard boiled américains, une enquête à rebondissement aurait débouché à la résolution d'un sordide assassinat. Ici, l'hypothèse de la crise cardiaque flirte avec celle du suicide. Elémentaire, l'enquête de notre Bogart français?
Les résultats émerveillent au moins une personne, son fils fasciné par les coulisses du 7ème art, les culottes longues et les premières gorgées de Coca.
Atmosphère, atmosphère dans ce tendre hommage au cinéma populaire.
Inscription à :
Articles (Atom)