mercredi 27 février 2008

FLUO CARYL




Dans "Raclée de verts", obnubilé par l'AS Saint Etienne, un supporter refait le match avec son chien Janvion. Sa décision est prise, il ne faut plus vendanger les occasions, quitte à employer la mort subite pour redonner du lustre à son club fétiche et en finir avec tous ces points noirs qu'il a fallu encaisser: Les Giresse, Amisse et autres satanés munichois. L'heure de la revanche a sonné et les pendules doivent être remises à l'heure. Maintenant sur la tactique employée...
Sans vouloir casser "La Branche", ce brillant et imaginatif texte était taillé trop court mais possède l'immense mérite de m'avoir révèler le talent de Caryl Férey, fan de foot et de rockn'roll.
Férey est un puncheur. Phrases courtes et cinglantes, écriture nerveuse, les coups atteignent le plus souvent la cible au service d'intrigues luxuriantes et d'une imagination fertile. J'ai tellement été férré que je me suis précipité sur la jambe gauche de Joe Strummer. Un Caryl de brut encore! Un flic délaissé de tous y compris par ses idoles (Joe a calanché) reprend goût à la vie. Du clash dans l'air!
Je n'hésiterai donc pas à reprendre le Férey-boat pour la Nouvelle Zélande, terre de prédilection de notre voyageur. "Utu" est la prolongation d' "Haka" (Dixit l'auteur qui refuse le terme de suite). A la mort (soi-disant un suicide) de son ami Fitzgérald, un flic dur et bourru à l'esprit bien perturbé a décidé d'affronter un climat local délètère et explosif pour percer la vérité. En bon connaisseur des maoris, Osborne n'ignore pas les vertus guerrières de ce peuple pratiquant le Utu, l'art de la vengeance. Du Osborne interactif.Connaissant les fulgurances de Férey, une marque aussi indélibile qu'un tatouage vous attend.
Ainsi se conclue ce petit éloge sans excès de ce brillant auteur de polar français

mardi 26 février 2008

FIDEL AU POSTE


Padura suggère les méfaits du régime cubain en castrant son texte de toute référence à Castro.
Cette précaution ne nuit pas à l'efficacité du propos. Au contraire! Fidèle à ce dogme, l'écriture érudite de Padura décrit un Cuba asphyxié sans tomber dans le pamphlet anti communiste. Le libelle maximo!
Présenté comme une métaphore, le personnage Mario Condé au patronyme décrivant sa fonction, doit malgré son homophobie latente, conduire une enquête dans le milieu artistique gay cubain. Cette immersion engendrera de complexes connexions pour déboucher sur un flic déstabilisé dans ses certitudes et sur une trilogie sale de La Havane (corruptions, censure et passé sulfureux du régime). Un brillant électr(o) -encéphalogramme d'une île en pleine décrépitude donne une irrésistible envie de lire tout Padura.

PARIS MUTUEL URBAIN

Pas le mauvais cheval, ce dernier Klapisch ? Dégager le quinté + des scènes les plus réussies dans un film qui en fourmille, relève du turfiste aguerri. La drague par SMS interposé entre Lucchini et son étudiante Mélanie Laurent mérite le carbone 14. Les cours d'économie appliquée et le recrutement par pedigree commenté par la boulangère Madame Muyard (Karine Viard) sont des morceaux de pains bénis. Les moments truculents atteignent facilement le nombre d'arrondissements. Avec ses dialogues bien sentis, Klapisch et son sens du rythme empilent les jolis numéros de contre-pied. Les clichés sont sérieusement ballottés. Genre: il n' y a pas que des cageots à Rungis. Les valeurs étalons (Sujets et autres compliments déja évoqués) ne manquent pas.
A commencer par l'habituel poulain Romain Duris sur un registre "De battre, mon coeur va peut être s'arrêter" assisté par sa soeur Juliette Binoche, coeur en hiver. De la gravité toute légère parsème ces multiples histoires de coeurs.Le réalisateur cherche à sonner juste avec son choeur de "vraies gens". Et pourtant, ce patchwork de Paris, dans sa globalité ne nous met pas en transe! La morale du Klapisch tient en un simpliste adage: "Profitez à fond de la vie". Juste un vaste réglement de comptines à OK Chorale.
Dommage ce qui me meut*, peut le plus!


* ce qui me meut: titre du tout premier Klapisch et nom de sa boîte de production

BONTE DIDIVINE

Un didivertissement didivinatoire! Cette "Didine" vous fera bégayer de bonheur. Sans didivulguer les secrets de ce très attachant petit film, vous éprouverez énormément d'empathie pour cette trentenaire célibataire à la générosité un peu pataude. Didine (Géraldine Pailhas, formidable) ne contribue pas à la richesse des opérateurs télephoniques, elle ne rappelle jamais ses furtifs amants. Pas du genre à s'engager!.
Sa nature de dillettante la conduira d'un nounours en peluche à rapporter jusqu'à une vraie ourse léchant les tartelettes d'abricot en barquette. L'abattage de notre altruiste héroïne bardée de ses bonnes intentions et autres secrets motifs, repose sur un formidable pouvoir de rachat.
Comment rattraper un rateau après une histoire de pelle ? Didine s'y emploie.
La vie n'étant pas un long fleuve tranquille, Didine doit aussi composer avec les envies pas toujours conciliables de ses meilleurs amis avant d'affronter une vieille acariâtre, passage obligé pour accéder au beau Nicolas. Et cette Mirepoix ne se laisse pas facilement mettre en boîte possédant le terrible avantage d'avoir tout compris avant tout le monde....
Le scénario de Le Ny survole au milieu de tous les récents "coucous " de comédie française sans vrais ressorts. Julie Ferrier( en suicidaire), Edith Scob(en vieille cabocharde) et Géraldine Pailhas crèvent l'écran.

dimanche 24 février 2008

ELLE EST BELLE, LA NOUVELLE ELOISE !

Sombre et clair de notaire. Coté clerc, tout réussit à Eloise (Elsa Zylberstein). Elle est belle, au top dans son boulot à responsabilité, bien installée. Les habituels clignotants du bonheur scintillent au vert. Son ascension sociale va franchir un nouveau palier. Elle assure, la nouvelle Eloise!
Face obscure. Coté mécanique du coeur, la bérézina! La belle doit avoir recours aux séances de speed dating. Ce jeu de rencontres transpire le malaise sociétal, les étouffantes apparences et les contraignantes conventions. Entre "Questions pour un champion", l'entretien d'embauche virant sur le psy show et l'argumentaire de vente vantant le paquet bonus, les concurrents stréssés deviennent comiques à leur insu. Ces scènes sont une vraie réussite.
La première rencontre a priori sur des bonnes bases (Ils sont beaux, ils se plaisent, ils couchent ensemble) ne traduira qu'une abyssale superficialité des échanges en milieu glacial. Eloise, touchée jusque dans sa chair, se débat avec sa solitude et ses angoisses. Avec nous, au premier rang! Eloise décèle une météo plus favorable avec son deuxième choix, un looser assumé qui peut s'avèrer une formule gagnante. Elle le recroise par hasard à la FNAC. Le secteur développement personnel et ses déprimantes publications peuvent se révèler un excellent plan séduction. Les rayons de soleil étant éphémères, Jean Marc Moutout se montre implacable avec ces petits paradis artificiels complètement préfabriqués. Une démonstration réfrigérante sur nos relations surgelées! Un froid aride qui pique!

dimanche 17 février 2008

AU PAYS DU POPE MUSIC

Comment ne pas en prendre plein l'émir-ette? Au rythme d'une bande son survitaminée, Kusturica vous embarque dans une farandole frénétique, un canular scanné lubrique louchant sur la parade fellinienne et une provocation taillée à la serbe totalement assumée.
Laissez vous emporter par cette sarabande survoltée! D'entrée, vous êtes projeté comme un boulet de canon dans ce "Délicatessen" rural croisé avec une publicité chocolat Milka débridée pour atterrir au milieu d'une constellation de fripouilles hallucinées et hallucinantes. Une bouffonnerie de haut vol difficile à survoler(Y arrivent: un personnage du film passionné de calcio et le public de Cannes au petit matin!). L'imagination de Kusturica accumule les trouvailles dans ce conte dans lequel le "chaperon" n'hésite pas à chaponner.
Ne soyez pas le dindon de ce farce et chausse-trappes!


mercredi 13 février 2008

LE FACEBOOK CLE


A quoi ressemble le facebook d'un libraire? Ce portail dernière tendance laissera t-il ses grilles ouvertes à l'ancestrale pratique de la lecture. Ce facebook revu et corrigé vous présente des bouquins vus de face ne demandant qu'à rencontrer des amis. Un joli choix de "friendises" vous attend.
BAD MONKEYS
Sphère: Seattle, Jim Thompson, Franck Mc Court, Thomas Pynchon, P. K. Dick et vous peut être ?
Groupes possibles:
  • Des limiers qui cherchent à démêler le vrai du faux
  • Des gens prêts à entendre la confession d'une barjo.
  • Des amateurs de K.O littéraires

LE MYSTERE DE LA CHAMBRE OBSCURE

Sphère: Jules Verne, péripéties et dialogue assortis, exposition universelle, Paris

Groupes possibles:

  • Pour ceux qui croient que les chambres ne sont pas obligatoirement jaunes
  • Pour les fous de voyages à explorer le temps
  • Pour les lecteurs férus de la mode des écrivains célèbres en détective privé.

LE PARADIS DES RATES

Sphère: Le genre panthéon du polar, Floride, Humour rythmé, Elmore Léonard.

Groupes possibles:

  • Pour les obsédés de la littérature sans grumeaux: décontracté, fluide, simple sans être lisse pour autant.
  • Pour ceux qui aiment donner régulièrement rendez-vous avec leurs personnages préférés. Définition rédigée pour éviter le terme récurrent trop souvent accolé à Navarro
  • Pour ceux qui veulent s'assurer que le "paradis des ratés" n' a rien à voir avec l'anthologie des footballeurs maladroits.

En espérant que ces trois promesses n'aient pas besoin d'avoir recours à la méthode Dale Carnegie "Comment se faire des amis"...



mercredi 6 février 2008

TA KATHIE T' A QUITTE

A la pointe du film noir. "Les griffes du passé" vous laisseront une magnifique et profonde cicatrice de cinéma. Deux fauves et une tigresse s'affontent et se déchirent sous vos yeux. Quintessence du noir. Gràce à un récit subtilement méandreux, le triangle est soumis à toutes les contorsions, les affaires du trio captivent. Kathie (Jane Greer) campe une vénéneuse garce capable de livrer Sterling (Kirk Douglas) ou de faire boire du petit lait à Bailey (Mitchum, titanesque). Les répliques claquent: "-Baby, I don't care". Les scènes mythiques s'enfilent comme les perles sur un chapelet.Une bible dans le genre. Tourneur dépasse toutes les attentes. Chef d'oeuvre! Et puis c'est tout!

IDEAUX LATRINES

Daniel Piron, journaliste placardisé sait se poser les questions essentielles mais éprouve de grosses difficultés à trouver les réponses. Ce gauchiste à la jeunesse pleine d'illusions est devenu tout ce qu'il détestait. Pour se relancer et apaiser ses chakras auquels sa conjointe accorde tant d'importance, Piron décide de reconstituer un fait divers avec en premier rôle, un "cow boy" très "robin des bois". Problème: le héros est devenu un zéro, plus exactement un zéro conviction. Et le syndrome de Stockholm n'a absolument pas atteint les ex-otages.Peu importe, Piron décuple ses efforts. Armé de cette énergie débordante, Piron s'enlise et Piron nie l'évidence atteignant les cimes du pathétique. Renonçant à ses beaux idéaux, Piron ne va pas hésister à se montrer méprisant avec ses deux assistants (Jean François Damiens et Jean Marie Barbier nous régalent), à fabriquer ses petites images comme la pire télé qu'il exècre, à utiliser d'odieux artifices au nom de l'émotion. Bref, le docu ment!
Il n'y a vraiment que les Poppy's pour continuer à scander-"Non,non, rien n'a changé-"
Le faux tournage sur un faux documentaire (moins par moins) pour un vrai propos et des grandes compositions d'acteurs (ça donne plus). Quelques platitudes mais au plat pays....

lundi 4 février 2008

JOSIE (IRLANDE), HORS LA LOI

Pas vraiment un héros eastwodien, ce josie! Hormis sur l'aspect solitaire! Son copain d'école l'exploite gentiment mais honteusement. Josie s'acquitte de ses responsabilités avec le plus grand professionnalisme, pas question d'être bidon pour mettre de l'huile. Josie, simple d'esprit, collectionne les petits bonheurs: la première gorgée de bière (et les autres aussi), l'épicière et ses pommes de la tentation, son pote le cheval baptisé "Cheval". On le suit pas à pas. (Je ne plaisante pas, expression à prendre au pied de la lettre). L'arrivée d'un apprenti ado et binoclard va lui permettre de transmettre tout son réservoir de connaissances de pompiste aguerri. Soudain, Josie le parfait innocent au grand coeur se retrouve les mains sales et tout bascule. La mécanique s'enraye. Un film au moteur à deux temps (Farce minimaliste et destin tragique) qui carbure à l'émotion. Un diesel à ne pas mettre sur une voie de garage.

LE TRADER- PEPERE




En misant sur "Un froid d'enfer" du vénéré Lansdale, la societé générale ne fera jamais de vous son trader favori. Un placement pépère ? Un choix hardi? L'auteur, culte pour beaucoup, vous propose une histoire de déjantés. Bill Roberts, le héros conserve le cadavre de sa mère pour toucher les allocations. L'odeur pestilentielle du macchabée l'oblige à envisager une reconversion pour gagner plus "proprement" sa vie. Et sans fric, rien de chic mais le hic d'un freak show ambulant se révèle une issue inéluctable. S'affoler ou jeter à la corbeille ? Mon choix ne souffre pas l'ombre d'un doute. Du haut risque sans frayeur. J'en promets monts et kerviel.
L'entretien d'embauche se poursuit. Le deuxième choix se porte sur "Train
8017". Vous affirmez un vrai talent de "broker flowers." Votre coup d'oeil vaudra t-il le coup de pouce de la société générale? Vous présentez un handicap en affichant tant de bon sens, propre à un autre organisme bancaire. Amateurs des aiguillages sûrs, vous avez décidé de voyager en première à la découverte d'une ténèbreuse Italie après guerre. Ce sujet ne manque pas d'intêrets, vous êtes sur de bons rails.
Catalogués "trader-pépère", la société générale ne vous épargne pas. Avec vous, aucun risque de perdre 4,8 milliards!!!





samedi 2 février 2008

AZTEQUES BANDANTS



Les tequilas "surprises" coulent à flots. Après la tortilla épicée signée Serna( La peur des bêtes), humez à pleines narines "le doux parfum de la mort". Malgré ses 21 grammes, Arriaga pèse lourd avec ses succès de scénariste inventif (Babel, Trois enterrements). L'auteur nous a cuisiné un "mole poblano" relevé en intégrant toute une palette d'ingrédients typiques rendant très singulière la mixture. Au pays des nachos et des machos, Ramon Castanos en délicatesse avec ses castagnettes doit pour apaiser la fureur de son entourage, venger son honneur après le meurtre de sa "présumée" promise.